Les pôles de compétitivité comme l’IAR (Industrie Agro-Ressource de Picardie) sont intéressants car un échange entre le monde agricole et le monde industriel est systématiquement instauré. « Nous devons réfléchir à l’utilisation non alimentaire des plantes, en valorisant par exemple les déchets et les sous-produits. Des projets sont en développement pour utiliser des huiles ou de l’amidon (pomme de terre, blé, etc.) pour fabriquer des bioplastiques. Il est aussi important d’être en relation suivie avec le monde universitaire et de la recherche. Notre métier prend du temps… Il nous faut repérer et croiser des plantes intéressantes, afin de les complémenter, de les améliorer. Et choisir celle qui correspondra aux attentes des agriculteurs, de l’industrie, des consommateurs, attentes toujours en évolution », explique Bruno Desprez.
Environ quinze ans sont nécessaires pour mettre sur le marché une nouvelle variété. Il est donc impératif d’avoir une vision d’ensemble des grandes évolutions futures, ce qui passe entre autres par une connaissance fine des procédés agricoles et industriels. Par exemple, il faut un jour chercher à
sélectionner une betterave lisse à laquelle la terre n’adhère pas, afin d’éviter le transport inutile de terre vers l’usine ; mais si des machines qui nettoient les betteraves sur place sont créées avec le temps, cet objectif de recherche disparaît et d’autres buts seront poursuivis. « Nous devons être capables de fournir des
semences qui, cultivées par les agriculteurs dans le meilleur respect, pourront répondre aux nouvelles attentes des filières », analyse le
sélectionneur. Répondre aux besoins présents et anticiper sur les besoins futurs nécessitent un dialogue permanent avec les différents acteurs concernés. Si certains objectifs sont évidents, comme cultiver une pomme de terre avec un minimum d’engrais, d’autres le sont moins : mettre au point une pomme de terre qui est à l’origine d’un bon bioplastique, par exemple. « Nous essayons de faire que la plante puisse répondre à la fois aux besoins alimentaires et non alimentaires, conclut Bruno Desprez. Nous veillons à classer les objectifs car il y en a beaucoup (qualités agronomiques, gustatives, nutritionnelles, économiques, industrielles, etc.) ». Ainsi, pour les semenciers, mettre à disposition une biodiversité d’
espèces et de
variétés, c’est répondre aux attentes de la société d’aujourd’hui et de demain.