«Je jardine ma ville» : les riverains s'engagent pour fleurir les trottoirs

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Un trait d’union entre la commune et les riverains. Voilà comment pourrait se définir l’opération « Je jardine ma ville », mise en place en 2001 par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) du Val d’Oise (95). Son but : « Permettre aux communes du département d’impliquer les habitants dans le fleurissement des rues, en respectant l’environnement dans le cadre d’une action conviviale », indique Sylvie Cachin, paysagiste du CAUE.

Faire fleurir les rues et le dialogue entre voisins

« Je jardine ma ville » est un projet mis en place au niveau d’une commune. Elle fournit plantes et compost. En échange, les riverains s’engagent à entretenir les massifs sur les trottoirs ou les bandes de terre situés au pied des clôtures, le plus souvent dans le prolongement de leur jardin. L’objectif de ce projet est double : fleurir les rues de la commune et développer les échanges entre voisins.

Permettre aux habitants d’embellir leur cadre de vie

Pourquoi une municipalité se lance-t-elle dans un tel projet ? « Je jardine dans ma ville » permet aux petites communes qui ne disposent ni de moyens suffisants, ni d’une équipe de techniciens locaux assez fournie, de pouvoir créer et entretenir des espaces verts grâce à leurs habitants, qui participent ainsi à l’embellissement de leur cadre de vie. « Les motivations sont souvent liées à l’amélioration de la qualité du fleurissement », estime la paysagiste. Les élus y voient aussi une manière d’impliquer différemment les habitants, qui se comportent parfois en consommateurs exigeants et attendant tout de la commune. Les municipalités valdoisiennes doivent être prêtes à s’impliquer fortement, sur plusieurs années, à la fois pour expliquer la démarche auprès des habitants jardiniers et pour la pérenniser. Pour monter le projet, elles peuvent faire appel au CAUE du Val d’Oise, qui les aide à réaliser le dossier de demande de subventions. Une occasion de mettre autour de la table tous les acteurs, pour bien cerner les tenants et les aboutissants de l’opération.

Elus et habitants : des rôles bien différents

Parmi les éléments principaux à bien définir, l’itinéraire. Le CAUE conseille systématiquement de travailler sur une suite de rues qui forment un ensemble cohérent, de manière à éviter le saupoudrage de massifs à travers la commune, un itinéraire qui peut évoluer en fonction de la localisation des habitants inscrits. Seuls les élus interviennent dans l’élaboration du dossier. Ils recensent les surfaces aménageables en massifs fleuris sur les sites prioritaires de la ville. Le conseil municipal convie ensuite les habitants à une première réunion publique. Le CAUE et les élus expliquent le projet d’embellissement de la commune, ainsi que les objectifs et le déroulement de l’opération « Je jardine ma ville ». Après avoir précisé que rien n’était imposé, les volontaires bénévoles s’inscrivent. Une première équipe se forme donc, qui constitue le pilier de l’opération, car elle participe à toutes les activités : elle établit un planning de passage chez les habitants, rue par rue, tandis que la mairie continue à prendre les inscriptions. Puis vient le temps de la première action sur le terrain : cette petite équipe et le CAUE (via une paysagiste et une éco-conseillère) rencontrent individuellement tous les inscrits, et leur transmettent rapidement, mais de manière méthodique, des conseils pour élaborer le projet de massif… dans la rue ! « Ce qui permet d’éveiller la curiosité des autres et de favoriser les discussions entre voisins ! », révèle Sylvie Cachin. Dernière étape : une fois le contexte et les choix formels définis, viennent le projet de massif et le choix des plantes. A la fin des visites, les élus préparent la commande globale de plantes et recherchent le ou les pépiniéristes dont le catalogue satisfait le mieux la demande. Durant cet intervalle, les habitants désherbent si besoin la terre qui va accueillir les massifs et y incorporent le compost fourni par la municipalité.

Le défi : maintenir la motivation des riverains

Enfin, la mise en place concrète des massifs commence un vendredi par la préparation des cagettes de plantes destinées à chaque habitant. Le lendemain, trottoir par trottoir, on plante les massifs en groupe, « l’occasion de faire disparaître certaines petites rivalités et de recevoir des conseils d’entretien personnalisés… et gratuits ! », souligne la paysagiste. C’est également l’occasion de rappeler à chacun ses responsabilités, comme l’arrosage et l’entretien. Ce dernier est un point essentiel du projet, car il est plus que nécessaire de redynamiser régulièrement le moral des troupes. A cet effet, le CAUE conseille une visite « piqûre de rappel » une fois par an, l’occasion pour les élus et les participants de suivre l’itinéraire et de discuter sur le terrain avec les habitants qui le souhaitent. « Il est important que les gens ne restent pas seuls face à leur massif », rappelle Sylvie Cachin. Il est donc du ressort de la commune d’organiser des animations autour des massifs, comme les bourses aux plantes ou les « journées binettes », qui entraînent les jardiniers les plus réservés et rassurent les participants les moins expérimentés. A l’heure actuelle, huit communes du Val d’Oise se sont lancées dans le programme « Je jardine ma ville ». Un programme qui est aussi un prétexte à une sensibilisation aux enjeux environnementaux… Source : « Je jardine ma ville », de Sylvie Cachin et Sylvie Ligny, aux Editions Rue de l’échiquier. Lien utile : http://www.caue95.org
En général, les communes utilisent encore beaucoup de plantes annuelles pour fleurir leur ville. Conséquences : des besoins importants en eau et une mobilisation fréquente des services techniques pour la plantation et le nettoyage des massifs. C’est pourquoi un des objectifs de « Je jardine ma ville » est de proposer un programme d’embellissement durable. D’où la priorité donnée aux plantes vivaces, qui vivent au minimum quatre à cinq ans, et aux plantes à bulbes à floraison printanière. Et comme elles se développent un peu plus en volume chaque année, on constate une moindre évaporation grâce à une meilleure couverture du sol, et donc moins d’arrosages. En outre, le maintien des racines limite l’érosion du sol, et le problème de ruissellement des eaux pluviales. Il est également conseillé aux habitants de n’utiliser aucun produit phytosanitaire.
• En mettant en place une bourse aux plantes, où les riverains jardiniers échangent de nouvelles plantes contre les vivaces de leurs massifs qui se sont étendues • En distribuant des sachets de graines aux habitants pour qu’ils fleurissent davantage leur environnement de proximité • En confectionnant un aide-mémoire des massifs remis en mains propres (ou dans les boîtes aux lettres à chacun) • En organisant des sessions de jardinage • En lançant un concours de peinture autour des massifs
LG
MD
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