Les cultures « couvre-sol » protègent l'environnement

Navette Crédit Photo  © Sébastien Champion
Un couvert végétal permanent est un des principes de base de l’agronomie. Bien choisies, les plantes limitent l’érosion, danger pour un sol nu, et sont indispensables à la biologie du sol. Plus de trente espèces ont été classées comme « couverts végétaux » entre deux cultures. Mélangées, elles cumulent leurs bénéfices. Elles empêchent le lessivage des nitrates et le développement des adventices. Elles aèrent, enrichissent et structurent le sol. Tour d’horizon !

Un rôle écologique fondamental

Les plantes dites « couvre-sol » ont un rôle écologique majeur en agriculture. Elles apportent de la diversité, capitale pour la rotation des cultures et permettent d’enrichir et de structurer le sol à long terme. Elles limitent les désherbages et apports d’engrais et sont bénéfiques, à plus d’un titre, pour les cultures qui les suivent. « Depuis quelques années, la loi exige que les sols soient protégés pendant l’hiver, pour éviter en particulier le lessivage des nitrates qui peuvent polluer les nappes phréatiques. Les agriculteurs doivent mettre en place ce qu’on appelle des ‘couverts végétaux’ hivernaux, qui utilisent et retiennent les nitrates, empêchant qu’ils ne soient lessivés à travers le sol », explique Julien Greffier, de l'interprofession des semences et plants. Ces couvre-sol sont des cultures intermédiaires « piège à nitrate » qui ont aussi l’avantage d’enrichir le sol en humus, grâce à la production de biomasse végétale (racines et feuilles) : on parle d’ « engrais verts », nourriciers à long terme pour la vie du sol.

Une gamme de plantes pour un éventail de qualités

Pour être efficace, la plante doit s’installer rapidement. « Plus la plante s’installera vite, plus tôt elle pourra pomper des nitrates », précise le spécialiste. La moutarde a cette capacité de croissance rapide. Choisir une variété à floraison tardive est intéressant, car après la floraison, la plante a moins de besoins et capte moins les nitrates en excès. Grâce au travail de sélection, certaines variétés sont également « anti-nématodes » : elles limitent le développement de ces vers du sol qui parasitent les plantes. Leur intégration dans la rotation participe donc à la « lutte biologique » sur les cultures suivantes. Autre plante utilisée dans le piégeage des nitrates : le radis. «Celui-ci se développe plutôt horizontalement que verticalement, bloquant la lumière et limitant le développement des adventices [mauvaises herbes]. Son système racinaire en pivot va structurer le sol, en cassant la «semelle» de labour, favorisant l’implantation des cultures suivantes. Là aussi, il existe des variétés anti-nématodes », poursuit-il. La phacélie est un bon couvert végétal pour deux principales raisons. C’est une plante qui s’installe si rapidement que l’on peut la qualifier de « désherbante » : elle occupe l’espace tout de suite et largement, empêchant le développement des adventices. Gélive, elle est détruite naturellement pendant l’hiver. Son deuxième avantage est d’appartenir à une famille botanique qui n’est pas cultivée par l’homme. Intégrée dans une rotation, elle provoque une réelle coupure dans le cycle des parasites et des adventices, et permet donc de limiter les interventions de l’agriculteur.

Précieuses légumineuses

Autre famille utilisée pour ses aptitudes de couvert végétal : les légumineuses, comme le trèfle, le pois, la féverole ou la luzerne. L’avantage miraculeux des légumineuses est d’enrichir naturellement le sol en azote. Grâce à une symbiose racinaire avec une bactérie, elles ont la capacité de transformer l’azote de l’air en azote assimilable dont les plantes ont besoin. La légumineuse est donc autosuffisante pour cet élément fondamental. Pendant la croissance de la plante ou après sa destruction, l’azote stocké est « libéré » progressivement dans le sol, et utilisé par les plantes voisines et les cultures suivantes. « C’est très intéressant pour l’agriculteur, d’un point de vue écologique et économique : l’azote apporté naturellement par les légumineuses est autant d’azote à acheter en moins sous forme d’engrais minéral. Alors que le prix des engrais augmente, on sent un réel regain d’intérêt pour les légumineuses », précise Julien Greffier. Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants, en partenariat avec le Comité Nord, les Ets Carneau, les Ets Florimond Desprez le 13 juin 2012 chez les Ets Florimond Desprez à Cappelle-en-Pevèle (Nord).

Les bandes enherbées, obligation réglementaire, servent à protéger les bordures de cours d’eau, de rivières, d’étangs. Leur largeur doit être d’au moins cinq mètres pour que la végétation joue un rôle purificateur, à l’image d’une « éponge », captant les résidus éventuels d’engrais et de pesticides, évitant leur déversement dans l’eau. Les espèces ne sont alors pas choisies pour leur vitesse de croissance, mais pour leur pérennité (afin d’éviter de les ressemer tous les ans) et pour leur faible nécessité en entretien. On choisit par exemple certaines variétés de graminées utilisées en gazon (ray-grass anglais, fétuque élevée).
Les couverts végétaux peuvent être en mélange, comme l’association avoine et vesce. La légumineuse (vesce) apporte l’azote nécessaire au développement de la céréale (l’avoine, qui se développe rapidement) et à la culture suivante. Suivant l’utilisation que l’on souhaite faire du couvert végétal (bande enherbée pérenne, engrais vert, alimentation animale, refuge pour la faune, etc…), il faut bien sûr choisir finement les espèces et les variétés.
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