Une forte hausse dans les demandes de parcelles

Didier Klodawski - Président jardins associatifs - Reims

Qui se cache derrière les Jardins associatifs de la communauté d'agglomération de Reims ?

Didier Klodawski - Président jardins associatifs - Reims
Les Jardins associatifs de la communauté d'agglomération de Reims sont une des dix associations de jardins familiaux de Reims Métropole. Ils représentent 250 jardiniers sur les 800 de Reims Métropole. Ces dix associations fonctionnent indépendamment les unes des autres. Elles ont été créées entre 1960 et 1990. Les premières sont nées d’initiatives privées. En revanche, les deux dernières sont le fait d’offices d’HLM qui ont voulu monter leur propre association.

Obtenir des terrains, est-ce difficile ?

Dans notre cas, les propriétaires des parcelles sur lesquelles on trouve les jardins familiaux sont les HLM, Reims métropole ou la ville de Reims. Ils louent les terres à l’association de loi 1901 qui en a la charge, soit gratuitement, soit contre un versement de dix euros pour l’ensemble des terrains… ce qui s’avère très symbolique ! Nous signons donc un bail avec les propriétaires. Quand il s’agit de collectivités locales, il y est stipulé que les jardins peuvent être récupérés en cas de besoin d’intérêt public, comme pour la construction d’une caserne de pompiers. Dans ce cas, la ville nous octroie une superficie analogue pour implanter les jardins familiaux ailleurs dans la ville. Pour information, cela nous est déjà arrivé deux fois.

Comment la mairie participe-t-elle à la vie des jardins associatifs ?

D’une part, elle fournit les terrains sur lesquels sont établis les jardins familiaux. Avant que leur gestion ne nous soit confiée, ils sont aménagés par la direction des espaces. D’autre part, elle nous accorde des subventions de fonctionnement et d’équipement. Les associations vivent donc grâce à ces 40 % de subventions, complétés par les 60 % issus des cotisations des jardiniers. Toutes nos actions dépendent de ces recettes. Elles nous servent principalement à renouveler les abris, et à fournir des bacs à compost et du matériel (grillage et piquets) pour restaurer les clôtures. En outre, la secrétaire du service des Espaces verts de la ville de Reims s'occupe des demandes de jardins. Elle les retransmet aux associations, qui essayent alors de trouver le jardin le plus proche du lieu d’habitation des particuliers. Les Espaces verts donnent aussi des conseils : luttes biologiques contre les parasites, ne pas utiliser systématiquement des produits chimiques dans les jardins familiaux, etc.

Les listes d’attentes sont-elles longues à Reims ?

Cette année, nous avons constaté une forte hausse dans les demandes. Alors qu’en 2010, nous avions une liste d’attente de 20 personnes, soit environ trois mois d’attente, en 2011, nous n’avons pas moins de 80 personnes qui espèrent un lopin de terre. Et elles risquent de devoir patienter au moins six mois ! Nous n’avons pas de conditions particulières pour attribuer les parcelles (ressources, distances, etc.). Nous prenons en priorité les demandeurs les plus anciens. Je tiens également à souligner qu’il n’existe pas de profil type parmi les jardiniers. C’est d’ailleurs amusant : on retrouve exactement la population de Reims dans les jardins familiaux. C’est représentatif.

A quoi s’engagent les jardiniers quand une parcelle leur est attribuée ?

Les nouveaux jardiniers sont soumis à une période d’essai d’un an. Pour avoir le droit de cultiver leur parcelle, ils doivent cotiser à l’association qui gère les jardins familiaux (130 euros de dépôt de garantie la première année et 45 à 50 euros de cotisation chaque année). Cette adhésion dure un an. Chaque partie peut mettre fin au contrat de location trois mois avant l’échéance. En cas contraire, la reconduction est tacite. Les jardiniers doivent également s’engager à respecter les statuts et le règlement intérieur de l’association. Ce règlement intérieur varie selon l’association. Mais nous partageons tous une charte commune établie avec la ville de Reims. Elle stipule par exemple que deux tiers des terres au minimum doivent être cultivés, que les serres ne doivent pas dépasser un mètre de hauteur et trois tonneaux de récupération d’eau au maximum peuvent être entreposés. Comme la ville de Reims est soucieuse de la politique environnementale, elle organise des réunions publiques de sensibilisation sur l’esthétique des jardins, la protection de la ressource en eau et la limitation dans l’utilisation de produits phytosanitaires. Elle a distribué des plantes grimpantes et des arbres fruitiers. Elle incite au compostage, à la récupération de l’eau et à l’installation de décompteurs d’eau individuels pour les parcelles alimentées par le réseau.

Les jardins associatifs organisent-ils des évènements ?

Nous organisons chaque année une assemblée générale. Et, au mois de juillet, le jury des plus beaux jardins associatifs note les jardins. Le jury passe dans les parcelles, retient 60 lauréats et 35 à 40 d’entre eux reçoivent un prix, remis en même temps que l'assemblée générale (en hiver). Les critères d’attribution reposent sur la production de beaux légumes de potagers et sur l’esthétique des parcelles : utilisation des fleurs, choix des variétés... Le prix prend en général la forme d’un livre sur les cultures ou d’un bon d’achat pour acheter des graines ou des outils dans un magasin spécialisé. Comme nos moyens sont assez limités, que ce soit en termes de temps ou d’argent, les associations de la communauté d’agglomération de Reims organisent peu d’évènements. D’autant que nos jardiniers sont assez individualistes : ils préfèrent se rencontrer entre voisins plutôt qu’à grande échelle ! En revanche, ils peuvent adhérer à la société d’horticulture de Reims, qui propose des cours sur la taille, la greffe, etc.

Que disent les jardiniers à propos de la chance qui leur est offerte de cultiver une parcelle ?

Ils apprécient d’avoir une parcelle à cultiver. Parfois, il arrive que quelques conflits de voisinage troublent leur contentement mais, en règle générale, tout se passe bien. Ils bénéficient de lopins de terre d’une taille moyenne de 280 m², ce qui leur convient tout à fait. Et ils sont libres d’y cultiver ce qu’ils désirent. De ce que j’entends, les adhérents ont souvent commencé à jardiner pour le côté passion, mais ils expliquent que, par la suite, ils ont également intégré la santé à leur démarche. Certains cultivent bio. Concernant l’aspect économique, l’investissement annuel, d’environ 120 euros pour une parcelle, est largement compensé par la production de légumes. Jardiner est donc aussi rentable !
LG
MD
SM