Quelle est cette fleur bleue qui habille les côtes normandes ?

Ce bleu-mauve qui tapisse les champs du Nord de la France au mois de juin et ravit le cœur des randonneurs provient du lin. Cette plante se caractérise par des fleurs aussi délicates qu’éphémères. La fleur de lin s'ouvre le matin, et les pétales tombent avec le soleil de l'après-midi ! Mais sa fibre dure, c’est pourquoi elle est prisée aux quatre coins du monde par des industries de plus en plus diversifiées.

Fleurs de lin textile © Gnis-Pascal Legrand

Le lin, un trésor normand ?

La plante de « lin à fibre » donne cette matière textile si réputée pour sa légèreté, son soyeux et ses propriétés isolantes. Elle fait partie des trésors qu’offre la Normandie… Le lin est aussi cultivé aux portes de Paris (dans le Val-d'Oise et en Seine-et-Marne), en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais. La France représente ainsi le premier producteur mondial de lin à fibres et exporte de gros volumes, notamment vers la Chine.

Mais est-ce vraiment, à l’origine, une plante de nos contrées ? Pas du tout ! On retrouve des traces de fibre de lin en Turquie et en Egypte 10 000 ans avant J.-C., ainsi que dans les grottes de Géorgie plus de 15 000 ans avant J.-C.. En Chine, en Russie, en Ukraine mais également en Europe de l’Ouest ou en Afrique, la production de lin se fait désormais aux quatre coins du monde. Cependant, la production française s’avère particulièrement réputée pour la qualité des fibres, qui permettent une utilisation optimale par les industries du textile (habillement, linge de maison et décoration).

Le bon air marin

Comment expliquer que les régions du Nord de France soient si propices à la culture du lin ? Par les conditions maritimes dont ces terres bénéficient... Disposant d'un bon équilibre entre humidité, lumière et qualité des sols, la plante pousse régulièrement, sans « stress hydrique », c'est-à-dire sans souffrir du manque d'eau.

Dans ces conditions, le lin produit des fibres fines et longues particulièrement appréciées pour l’habillement. De plus, une fois arraché et couché sur le sol, le lin peut « rouir » facilement. Au mois d'août, la rosée du matin et la chaleur de l’après-midi permettent aux bactéries « d’attaquer » la tige (rouissage), ce qui facilitera la séparation de la paille et de la fibre (teillage).

Avec le lin, rien ne se perd !

Une fois la fibre longue séparée de la paille, il reste de nombreux sous-produits valorisés de façon parfois étonnante... Les « étoupes » ou fibres courtes partent essentiellement en papèterie. Dans l’automobile, les étoupes se voient de plus en plus utilisées pour la fabrication des panneaux de portes et de tableaux de bord de voiture.

Lors de la séparation de la fibre du reste de la plante, il demeure des fragments appelés « anas ». Ils sont utilisés à 80 % pour la confection de panneaux agglomérés et à 15 % pour la litière des chevaux, le reste servant au paillage de jardins ou comme combustible pour chaudières.

Quant aux graines, elles sont utilisées comme semences ou en huilerie. Ces huiles constituent une base pour la savonnerie, les peintures ou les résines. La Tour Eiffel est régulièrement entretenue et repeinte avec une peinture à base d’huile de lin ! Enfin, les tourteaux issus du pressage constituent un aliment du bétail de très haute qualité.

Les semences françaises recherchées

Sur les 75 000 hectares de surfaces dédiées au lin textile, 15 000 sont consacrées à la production de semences… L'agriculteur utilise ensuite des semences qui ont été produites spécialement pour obtenir des beaux lins. Il est assuré d'avoir ainsi des semences sans graines de mauvaises herbes et avec un niveau de germination très élevé. L'objectif pour l’agriculteur est d'obtenir une tige pour chaque graine mise en terre. Depuis quelques années, les semences françaises de lin se sont imposées comme la référence européenne. Décidément, les fleurs bleues ont le vent en poupe !

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