Des jachères pour les abeilles

La mortalité des abeilles est une préoccupation importante depuis des années. Si des problèmes d'épidémies sont souvent évoqués, les apiculteurs s'interrogent également sur l'alimentation des abeilles. Est-ce que leur nourriture a changé ? Est-elle suffisante et régulière ? Quelles sont les actions possibles pour que les abeilles puissent disposer des ressources alimentaires qui leur sont nécessaires ?

Se nourrir : un travail sans fin

Les abeilles sont le symbole du travail. A juste titre. Tout d'abord par leur nombre. Une colonie en activité est composée de 40.000 à 60.000 abeilles, dont une très grande majorité d'ouvrières. Ensuite par leurs mouvements incessants. Pour récolter un litre de nectar, les butineuses ont besoin d'effectuer entre 20.000 et 100.000 visites de plantes. Et pour produire 10 kg de miel, 800.000 à 4 millions de voyages seront nécessaires.

Des besoins variés

Pour se nourrir, une ruche a besoin en moyenne de 20 à 30 kg par an de protéines issues du pollen des fleurs. De plus, en période très chaude et sèche, une colonie d'abeilles doit se procurer cinq litres d'eau par jour, en particulier pour empêcher les larves et les oeufs de se déshydrater. Enfin, pour produire du miel, les abeilles utilisent le nectar des fleurs. Selon les espèces végétales et les conditions climatiques, le pourcentage de sucres (à la base de la fabrication du miel) dans le nectar est très variable, de 7% à 60%.

Les sources de nourriture pour les abeilles

Les abeilles trouvent pollen et nectar dans leur environnement agricole et urbain. Mais on constate qu'environ 1 million de km de haies a été arraché entre 1960 et 1990, que l'urbanisation détruit 60.000 hectares de surfaces agricoles par an, que certaines cultures riches pour les abeilles comme la luzerne ont fortement diminué, que de nombreux chemins sont goudronnés, que les bords des routes et des voies ferrées sont entretenus et désherbés ce qui prive les abeilles d'une nourriture diversifiée.

Des jachères et des jardins pour les abeilles

Aujourd'hui, plusieurs études montrent que la mortalité des abeilles est due à plusieurs facteurs et qu'il est possible que la santé des abeilles dépende notamment d'une alimentation diversifiée à laquelle chacun peut contribuer : collectivités locales, agriculteurs, jardiniers amateurs... Un réseau Biodiversité pour les abeilles participe au développement des jachères apicoles. Il conseille aussi les particuliers pour que les jardins deviennent sources de nourriture pour les abeilles. En effet, si nous nourrissons les abeilles, celles-ci, en retour, participent à la fécondation de nombreuses fleurs cultivées importantes dans notre alimentation.
Nos jardins privés représentent 1 million d'hectares. Nous pouvons donc contribuer à la bonne santé des abeilles. Il suffit de semer des espèces mellifères, riches en pollen et en nectar. Le réseau Biodiversité pour les abeilles préconise une liste de fleurs utiles aux insectes : Réséda, Centaurée, Cameline, Coquelicot, Marguerite, Phacélie, Lotier, Sainfoin, Soucis et trèfles. Chaque jardinier doit rechercher des floraisons successives sur une longue période. Pour les haies, il est préférable de planter des espèces locales d'arbustes feuillus et de les laisser fleurir. Même au bord d'une allée, dans une jardinière, sur un balcon, les abeilles viendront butiner sans crainte.
Les agriculteurs, semenciers et de nombreux acteurs du monde agricole expérimentent et développent des jachères apicoles. L'objectif est d'offrir une source d'alimentation pour les insectes butineurs au début du printemps ou en fin d'été, lorsque les autres sources sont réduites. Le réseau Biodiversité pour les abeilles propose aux apiculteurs et aux agriculteurs des mélanges de semences de fleurs riches en pollen. A partir de l'expérience conjointe des apiculteurs et des semenciers, des mélanges adaptés aux différentes régions françaises ont été étudiés pour leur valeur nutritive pour les abeilles. Des semences de phacélie, de sainfoin, de lotier corniculé, de trèfle blanc, de trèfle violet, de trèfle hybride, de mélilot blanc... offrent ainsi une floraison étalée pour les besoins des insectes pollinisateurs. Les jachères apicoles couvraient 400 hectares en 2006, 1.000 hectares en 2007 et l'objectif est d'atteindre 10.000 hectares en 2010.
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