Les jardins d'insertion sèment les graines de la solidarité

Jardin d'insertion de Lisieux
Retrouver un statut social de salarié, apprendre un métier, le maraîchage, et bénéficier d'un accompagnement : les jardins d'insertion permettent à des personnes très éloignées de l'emploi de reprendre pied dans le monde du travail. Chômeur en fin de droit, travailleur handicapé, jeune non diplômé, chaque personne accueillie profite au sein des jardins d'un environnement dynamique et solidaire. Le plus souvent associations loi 1901, les jardins s'appuient toujours sur un réseau d'adhérents qui achètent un panier de légumes toutes les semaines. Issus d'élans de solidarité, les premiers jardins d'insertion apparaissent au début des années 1990 pour faire face à la montée du chômage. Aujourd'hui, dans toutes les régions, les jardins d'insertion ont des objectifs multiples : insertion sociale et professionnelle, création de lien social et promotion sur leur territoire d'une agriculture respectueuse de l'environnement.

De la semence au fruit : tout biologique

Semer une graine, la voir germer, puis pousser... L'arroser, l'entourer de soins, puis en récolter les fruits... Jardiner : n'est-ce pas une activité idéale pour regagner confiance en soi et dignité ? Les jardins d'insertion ont également choisi de cultiver les légumes selon les règles de l'agriculture biologique. Ce n'est pas par hasard : c'est parce qu'ils considèrent que le respect des personnes va de pair avec le respect de l'environnement. Ce choix ne va pas sans contraintes, notamment règlementaires. Entre autres, il est interdit d'utiliser des produits chimiques de synthèse et les rotations de culture sont de rigueur. Indispensable aussi, l'usage de graines certifiées biologiques. Les semences, par qui tout commencent, doivent être d'une qualité irréprochable pour assurer une bonne germination puis un bon développement des cultures. La filière de production de semences biologiques, rigoureusement encadrée et contrôlée, propose désormais un large choix de variétés.

Du lien social

Les jardiniers font pousser de bons légumes : il s'agit ensuite d'en faire profiter les habitants des communes avoisinantes ! Dans les jardins d'insertion, ils sont bien plus que de simples clients. Ils s'engagent dans le projet en payant une adhésion à l'année et en s'abonnant, souvent pour douze mois, au panier de légumes hebdomadaire. Une fois par semaine, les légumes sont récoltés, lavés, pesés puis mis en panier. Pendant la distribution des paniers, jardiniers et adhérents se rencontrent, échangent des recettes ou des astuces de culture. Car les jardins d'insertion sont aussi des lieux de convivialité.
Les douze jardiniers de Vit'actif, à Lisieux, cultivent légumes et fleurs sur presque un hectare. Depuis la création du jardin, aucun produit chimique de synthèse n'est utilisé pour désherber ou pour traiter les cultures. En janvier 2010, l'association a choisi de passer le cap de la certification en agriculture biologique. Cela implique des contraintes règlementaires, comme l'utilisation de semences biologiques. Pour Alain Cornille, l'encadrant technique, ces semences sont d'aussi grande qualité que les semences conventionnelles. Il ne recense que très peu de soucis de germination depuis le passage en bio, certainement dus à des accidents de culture ou à l'emploi d'un terreau pas bien adapté. La démarche bio « est un plus pour nous, affirme l'encadrant, car la qualité de notre travail est ainsi mise en avant. Nous espérons être plus reconnus par les pouvoirs publics mais aussi répondre mieux à la demande de nos adhérents ».

Le Ministère de l'agriculture a confié à l'interprofession des semences et plants la mission de gérer le site www.semences-biologiques.org. Ce site recense toutes les variétés disponibles en semences bio par département et leurs fournisseurs. C’est un réel outil au service des professionnels qui disposent ainsi d'une bonne visibilité des variétés disponibles près de chez eux. Tout agriculteur biologique a en effet l'obligation de se procurer des semences elles-mêmes produites selon les règles de l'agriculture biologique. Encore peu développé il y a une dizaine d'années, le marché des semences bio fait maintenant face à la demande, toujours croissante. Toutes espèces confondues, la surface de production de semences biologiques couvre 2.518 hectares en 2008. En France, les semences bio sont produites par 50 entreprises et 217 agriculteurs-multiplicateurs, puis distribuées par plus de 90 entreprises.

« Vous avez besoin de légumes, ils ont besoin de travail, ensemble cultivons la solidarité » : un slogan évocateur pour le Réseau Cocagne, qui compte aujourd'hui près de 100 jardins en activité, 15 jardins en projet, 3.400 jardiniers, 20.000 familles adhérentes, 600 encadrants, 1.500 bénévoles. Son histoire commence en 1991 à Chalezeule (25), où le premier jardin démarre. Assez rapidement, une vraie dynamique s'enclenche sur tout le territoire : des particuliers, des associations, des collectivités cherchent à monter le même type de projet. En 1999, on compte 50 jardins à travers la France. Des jardins qui décident, cette année là, de se regrouper et de créer une structure nationale : le Réseau Cocagne. Une charte définit les engagements fondamentaux des jardins : l'agriculture biologique en fait clairement partie. Le réseau s'est donné pour mission de conseiller et de soutenir les projets de Jardins de Cocagne, de partager les expériences, les méthodes et les acquis, de professionnaliser les équipes d'encadrement et de communiquer autour des Jardins de Cocagne. http://www.reseaucocagne.asso.fr
Pour être biologiques les semences doivent être issues de cultures non protégées par des produits phytosanitaires. D'où des risques accrus de transmission de maladies et de parasites, le cas le plus connu étant la désastreuse fonte de semis. Produire ses semences soi-même en agriculture biologique est une pratique risquée. Il vaut mieux utiliser des semences produites par des agriculteurs-multiplicateurs et des établissements semenciers spécialisés qui fournissent des semences biologiques de qualité, analysées dans leurs laboratoires et leurs champs d'essais.
LG
MD
SM