Conserver un réservoir capital de biodiversité
C’est à partir des
ressources génétiques des
variétés anciennes et actuelles, proches et lointaines, que les
sélectionneurs mettent au point de nouvelles variétés satisfaisant nos attentes. En identifiant des
caractères intéressants dans les variétés conservées dans les collections, la recherche élabore en particulier des variétés plus résistantes aux parasites, permettant de diminuer les traitements phytosanitaires.
« Nous possédons à l’INRA une importante collection de plus de 10.000 accessions [populations] de pomme de terre ou d’espèces apparentées à la pomme de terre, européennes ou américaines, anciennes ou récentes », indique Jean-Eric Chauvin, directeur de recherche en amélioration des plantes et biotechnologies végétales à l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique). Ces ressources biologiques sont conservées et multipliées soit au champ soit
in vitro, afin de les maintenir au mieux dans le temps. Il existe aussi des techniques de conservation « longue durée » comme la cryoconservation (l’extrémité du bourgeon est conservée à -196°C dans l’azote liquide).
Y puiser les caractères de résistances aux parasites
« Dans notre centre, nous conservons et caractérisons la diversité génétique des espèces de pomme de terre cultivées, et nous la diffusons aux chercheurs, aux sélectionneurs, aux collectionneurs, français ou étrangers. Nous connaissons 250 espèces de solanacées tubéreuses [espèces apparentées à la pomme de Terre] originaires d’Amérique du Sud. Nous en possédons 32 dans notre collection : elles sont très précieuses car elles ont co-évolué avec les principaux parasites que nous connaissons aujourd’hui pour la pomme de terre », poursuit le chercheur. Ces espèces sont en effet indispensables car elles ont développé des stratégies naturelles de résistance aux nombreuses attaques biologiques (nous en connaissons une soixantaine !), qui leur ont permis de survivre. A l’INRA, les études sont principalement focalisées sur quelques parasites : le Mildiou (un champignon), les nématodes (microscopiques vers du sol), et certains virus. Les espèces apparentées servent ainsi de réservoir potentiel de gènes codant des caractères de résistance à ces pathogènes, bien que leurs tubercules soient évidemment plus petits. « Lorsque nous faisons des croisements génétiques entre la pomme de terre et ces espèces, nous obtenons donc des plantes plus résistantes mais aussi un certain nombre de tubercules inégaux qu’il faut éliminer en poursuivant le lent travail de sélection, au fil des générations de plante », explique le spécialiste. Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants, en partenariat avec le Comité Nord, les Ets Carneau, les Ets Florimond Desprez le 13 juin 2012 chez les Ets Florimond Desprez à Cappelle-en-Pevèle (Nord).