Les multiples débouchés non alimentaires du riz

Crédit Photo : Sébastien Champion
Le riz ne sert pas qu’en cuisine ! Le marché non alimentaire se développe particulièrement depuis une dizaine d’années, et de nombreuses niches commerciales sont apparues, permettant de valoriser avantageusement l’ensemble des « sous-produits » d’une rizerie.

La balle de riz, une énergie renouvelable…

Le riz est travaillé dans une usine, une « rizerie », sous sa forme brute, dite « Paddy ». La première étape est le décorticage du grain. Le grain entier est passé dans de grands rouleaux en caoutchouc qui tournent en sens inverse pour séparer le riz de la balle, enveloppe qui représente environ 20% de volume du grain «Paddy». «Dans notre structure, la majorité de la balle de riz sert de combustible pour la chaudière à biomasse qui alimente en énergie l’atelier d’étuvage. Nous gérons sur le site environ 16.000 tonnes annuelles de balle de riz. Et sur ces 16.000 tonnes, nous en brûlons 12.000 », confie Olivier Cogez, directeur de site au sein du groupe Soufflet. Cette « biomasse », véritable source d’énergie, permet à l’entreprise de réaliser des économies d’énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon, etc.) et de réduire fortement les émissions en CO2. Cette combustion génère de la cendre, entre 1.000 et 1.500 tonnes par an. « Cette cendre est conditionnée sur notre site et servira de protection dans les aciéries lors de la coulée des hauts fourneaux. Car lorsque l’acier est coulé, il y a un échange thermique avec l’extérieur, et l’acier prend en masse. Or cette cendre présente un haut pouvoir calorifuge, et elle seule permet de bloquer cet échange thermique et de garder l’acier sous forme liquide », poursuit le spécialiste.

… un amendement pour les sols, une litière, une barrière en cas de pollution

Seconde utilisation de cette balle de riz : la fabrication de terreau. « Nous en vendons environ 2.000 tonnes par an à cet effet. La balle de riz a la capacité d’aérer les sols, de les alléger lorsqu’ils sont trop lourds, d’apporter une légère acidité », explique Olivier Cogez. Riche en silice, imputrescible et de faible densité, la balle de riz est en effet une bonne matière première dans le terreau. Un autre marché en augmentation concerne les litières pour animaux. La balle de riz présente en effet un bon pouvoir absorbant, elle est confortable du fait de sa densité, mais l’inconvénient est sa volatilité, et elle peut finir par boucher les voies respiratoires des jeunes animaux. « Nous en vendons aussi pour la fabrication de briques et en particulier pour la fabrication de briques isolantes dites ‘Monomur’. La balle de riz est mélangée avec l’argile et l’ensemble des ingrédients, et dans les fours, la balle disparaît et crée des bulles d’air, donc de la porosité. Chaque brique a besoin d’une porosité particulière et doit répondre à un cahier des charges strict », poursuit le spécialiste. La balle de riz remplace ainsi le papier et le bois, utilisés autrefois. Grâce à la balle de riz, les bulles d’air sont un peu plus grandes et la brique ainsi plus aérée. Une autre utilisation, assez surprenante, se développe également : la balle de riz réagit très bien à l’absorption des hydrocarbures. « Nous avons développé un marché [500 tonnes par an] avec la marine nationale pour créer des barrières en cas de pollution. Pour contrer une marée noire, des boudins en balle de riz sont efficaces», explique Olivier Cogez. La balle de riz peut aussi servir, mais dans des proportions encore très faibles, de substrat à la fabrication d’enzymes, et de paillage pour certains produits horticoles.

Recycler les autres « coproduits » de l’usinage

« Au sein de l’usine, nous générons aussi de la brisure (du grain cassé lors du passage dans les meules en pierre), ainsi que des écarts colorimétriques (grains tâchés, non conformes) et de la farine (péricarpe réduit en poussière) », ajoute le spécialiste. Ces trois ingrédients partent exclusivement en alimentation animale, soit pour les élevages soit pour les animaux domestiques. Enfin, lors de l’étuvage, le riz est trempé : une tonne d’eau est mélangée à une tonne de riz, entre deux et sept heures, et entre 50° et 70° C. Comme rien ne se perd, l’eau récupérée à l’issue de cette étape de transformation part à l’épandage, sur les cultures de riz … bouclant la boucle ! Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants en partenariat avec le Centre français du riz et le Syndicat des riziculteurs de France et Filière, le 14 septembre 2012 au Mas Adrien et au domaine Paul Ricard en Camargue

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