Améliorer les céréales par la sélection

Champ de Triticale, une céréale qui a les qualités de ses deux parents, le blé dur et le seigle.
Que sont ces drôles de champs semés en petites parcelles toutes différentes ? Ce sont des parcelles d'expérimentation des nouvelles variétés créées par les sélectionneurs. Ils y effectuent tout un travail de notations et de pesées, pour repérer et choisir les variétés qui auront un meilleur rendement, seront moins sensibles aux maladies et présenteront des qualités adaptées aux débouchés.

Des plantes naturellement plus saines

Prenons l'exemple du triticale, une céréale utilisée surtout pour nourrir les animaux. La culture du triticale est confrontée au problème de la fusariose. C'est un champignon parasite dont les traitements phytosanitaires ne viennent pas vraiment à bout. Cette maladie est aussi suspectée d'être dangereuse pour la santé animale et humaine. Les chercheurs ont pu améliorer la qualité des variétés de triticale avec des variétés asiatiques, qui possédaient naturellement un gène de résistance à cette maladie. Depuis, les variétés de triticale ont acquis des résistances à d’autres maladies. La production a ainsi gagné vis-à-vis de l'environnement en limitant l’utilisation de produits phytosanitaires, mais aussi en sûreté alimentaire, grâce à la bonne qualité des grains récoltés.

Des cultures plus productives

La lutte contre les pathologies n’est qu’un des axes sur lesquels travaillent les sélectionneurs, permettant d'améliorer la productivité des cultures. En France, on estime que le rendement du blé a plus que triplé en 40 ans, un essor expliqué pour moitié par l’amélioration génétique et pour moitié par l’évolution des pratiques de cultures.

Du blé pour les meuniers... d'aujourd'hui

Les sélectionneurs doivent aussi travailler de conserve avec les industriels, fabricants de pâtes, boulangers, meuniers, brasseurs… Le blé a ainsi évolué avec les techniques de panification. Aujourd'hui, du pain fabriqué selon les techniques actuelles avec du blé des années 50 serait immangeable ! Comparée aux méthodes artisanales, la panification industrielle a apporté de nouvelles exigences en termes de quantités, de régularité, de qualité et d’équilibre en protéines. Certains transformateurs (meuniers, brasseurs...) ont mis au point des cahiers des charges rigoureux, pour guider l'agriculteur dans le choix des variétés et des techniques de culture. Ainsi, la qualité de la baguette commence par la création des variétés ! La composition des grains est aussi devenue un enjeu de la sélection, avec le succès des « aliments-médicaments », dans lesquels le consommateur veut trouver les bonnes protéines, le bon équilibre d’acides gras ou encore des omégas 3.
Le triticale est une espèce emblématique de ce que peut apporter la sélection. Cette graminée est issue du croisement entre deux espèces, le blé dur et le seigle, et n'est cultivée en France que depuis les années 60. Elle rassemble en elle les avantages de ses deux parents : la productivité du blé et la rusticité du seigle. Mieux, elle les surpasse ! Son rendement peut dépasser les 100 quintaux de grain par hectare, avec un rendement pour la paille supérieur de 30 à 50% à celui du blé. Excès d’eau, froid, maladies : le triticale est aussi plus résistant et adapté à tous les types de sols. C’est le phénomène d’hétérosis : les hybrides sont supérieurs à leurs parents. Le triticale convient très bien à l'alimentation des animaux grâce à sa valeur énergétique, et contrairement au seigle, il ne contient pas d’inhibiteurs de croissance néfastes à leur développement.
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