Faites le poireau sans attendre

Avec son long bulbe blanc et ses belles feuilles vertes, le poireau se distingue des autres légumes par son allure. C'est une plante très rustique, qui supporte bien le froid de l'hiver. De plus, c’est un légume qui prend soin de notre santé.

De nombreuses variétés

Le succès du poireau tient aux nombreuses variétés mises au point par les semenciers. Ces variétés diffèrent essentiellement par la longueur et la grosseur du fût (partie comprise entre les racines et les feuilles). On trouve des poireaux à fût long, jusqu’à 35 cm environ, à fût demi-long ou à fût court, jusqu’à 15 cm environ. La longueur du fût dépend également de la façon de cultiver. La grosseur du fût varie aussi de 1,5 cm à 5-6 cm de diamètre. Les feuilles peuvent être larges ou étroites, dressées ou retombantes et leur couleur, du vert jaune au vert bleuté.

Trois catégories de poireaux

Le choix des variétés à cultiver dépend de l’époque de culture et de récolte : Les poireaux d'été sont des variétés précoces. Sensibles au froid et caractérisés par une croissance très rapide, ils sont cultivés de préférence dans le Midi. Mais ils peuvent pousser ailleurs s’ils sont protégés (sous châssis froid ou sous tunnel plastique). Dans ce cas, vous pourrez semer dès février-mars pour une récolte de juillet à septembre. Les variétés d'automne produisent beaucoup mais elles sont sensibles au froid. En semant en mars-avril, on peut les récolter à partir d’octobre. Enfin, les poireaux d'hiver, à production tardive, pendant l’hiver et au début du printemps, doivent être semés en mai ou juin.

Des engrais et de l'eau

Les poireaux vivent dans tous les sols, à l’exception des sols trop calcaires. Avant la plantation, pensez à ameublir le sol en profondeur. Pensez également à la fumure. Le poireau est une plante exigeante. En cours de culture, profitez des binages pour apporter, en plusieurs fois, 400 g de nitrates de soude pour 10 m2. Quelques arrosages à base d’engrais foliaire, ou de purin d’orties sont également très bénéfiques.

Pour ne pas se planter

Si vous ne souhaitez pas produire vos plants, vous pouvez vous les procurer chez votre distributeur de produits de jardin, en godets, en mottes ou bottes. Les jeunes plants peuvent paraître un peu desséchés. Rien de grave ! Le poireau est un légume rustique, qui reprend sans difficulté. Vous devez ensuite « habiller » les plants. Cela consiste à couper leurs racines à 2 cm et à raccourcir leurs feuilles d’un tiers de leur longueur (5 à 7 cm seulement seront conservés). Cette opération stimule les jeunes plants et favorise un bon enracinement. Enterrez les plants soit dans un trou au plantoir, soit dans un sillon fait à la serfouette, à 5-6 cm de profondeur, en prenant soin de ne pas recourber les racines. Tassez soigneusement la terre autour. Comptez 10 à 15 cm entre chaque pied. Votre plantation achevée, arrosez au pied de chaque plant avec le goulot de l'arrosoir.

Une culture à soigner

Le plant de poireau se butte environ 3 semaines après la plantation et plusieurs fois si nécessaire durant la culture, de façon à obtenir un fût bien blanc et le plus long possible. L’arrosage doit être abondant et périodique, notamment lors de la croissance des poireaux. Pour venir à bout des mauvaises herbes, il vous suffira de biner régulièrement Les problèmes de dépérissement après plantation proviennent le plus souvent de mauvaises conditions à la plantation : racines désséchées, terre trop tassée, mauvais arrosage… La rouille est une maladie réellement préjudiciable : en cas de forte attaque, il faudra agir dès l’apparition des pustules. La génération de teigne du poireau la plus dangereuse apparaît le plus souvent fin août et en septembre. Il suffit d’intervenir dès l’observation des premiers dégâts. Demandez conseil à votre distributeur. Pour la récolte, le plus simple est de soulever le rang avec une fourche-bêche. Avant les gelées, pour faciliter l’arrachage, couvrez de paille ou de feuilles mortes.
L’insecte responsable des vers du poireau, c’est la teigne, un petit papillon grisâtre, mesurant un peu plus de 10mm de long, et dont la chenille aime s’introduire au cœur des plantes. La teigne du poireau se reconnaît aux feuilles minées et jaunies qui seront atteintes par la pourriture. Deux astuces pour s’en protéger : laisser les jeunes plants couchés deux jours au soleil sur la terre avant repiquage, ou les tremper un quart d'heure avant plantation dans une solution d'eau javellisée (un verre pour un arrosoir). En cas d’attaques fortes, on peut pulvériser du purin d’orties si l’on a l’âme quelque peu écologique ou utiliser un insecticide type pyréthrine de synthèse.
Le poireau est bon pour notre santé. Avec 35 calories au 100g, c’est un légume spécial minceur, riche en fibres. Il contient également des pectines (fibres solubles) aidant à réduire le cholestérol grâce à leur action régulatrice, du carotène (dans la partie verte du poireau surtout), de la vitamine E et de la vitamine C. Par ailleurs, le poireau est utilisé en cosmétique en usage externe contre les rougeurs et les éruptions du visage. En cataplasme, la feuille de poireau peut servir de pansement antiseptique et cicatrisant contre les plaies.
Le poireau a sans doute été domestiqué par l’homme dans l’est de la Méditerranée et l’ouest de l’Asie. Les formes sauvages du poireau possédaient à la base de la plante un renflement et même des caïeux. Les botanistes du XVIème siècle dessinent encore des poireaux bulbeux. Le poireau est devenu ce qu'il est aujourd'hui grâce aux travaux des sélectionneurs qui, très tôt, ont cherché à réduire la taille de son bulbe et à augmenter la longueur et la grosseur de son fût blanc. Mais il existe toujours dans la nature, en Languedoc et en Provence, des poireaux sauvages qui possèdent des caïeux à la base du fût et qui sont d’un goût plus fort que les poireaux cultivés.
Adopté par les Grecs et les Romains, il était, semble-t-il, l'aliment préféré de l’empereur Néron qui en aurait consommé régulièrement dans le but de préserver ses cordes vocales. Le poireau s'est très bien acclimaté en Europe et, dès le Moyen Age, il était le produit de base de l'alimentation. C’était un des ingrédients de base de la soupe qui mijotait dans la marmite sur les braises de la cheminée et qui restaurait les forces des paysans après une dure journée de labeur.
- Apparu dans la langue française en XIIIe siècle, le terme « poireau » est une altération, sous l'influence de « poire », du mot « porreau », qui désignait autrefois ce légume. - Pour commémorer leur victoire dans une bataille décisive au cours de laquelle, pour se reconnaître, ils avaient inséré un poireau dans leur chapeau, les Gallois ont adopté ce légume comme emblème. - Avoir le poireau. Cette expression symbolise le caractère populaire de la décoration du Mérite agricole, composée d’une étoile émaillée de blanc appendue à un ruban vert. - La construction de Notre Dame de Paris aurait duré 107 ans. C’est de là que viendrait l’expression « poireauter 107 ans » pour figurer un temps d’attente très long. - Faire le poireau ou rester droit et immobile pendant très longtemps. Au milieu du XIXe siècle, on ne disait pas « faire le poireau » mais « planter son poireau ». L’expression semble provenir de la locution « rester planté », qui sous-entend l'immobilité et l'inactivité.
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