Limiter les traitements

Micro-parcelles expérimentales de blé
Les produits de traitement, également appelés produits phytosanitaires, sont employés en agriculture pour limiter les pertes de récolte engendrées par les maladies, les ravageurs, ou encore certains champignons. Or leur fabrication et leur utilisation dans les champs sont consommateurs d'énergie non renouvelable. La limitation de ces produits va donc dans le sens d'une agriculture durable. Mais comment faire pour ne pas diminuer simultanément les quantités récoltées ? Le secteur des semences offre en ce domaine des solutions à différents niveaux.

Des variétés naturellement résistantes

Toutes les plantes ne sont pas égales devant les maladies ou les attaques de champignons, et certaines se défendent mieux que d'autres. Depuis bien longtemps, on cherche donc à repérer celles qui présentent les qualités les plus remarquables en la matière pour les utiliser dans des programmes de sélection et aboutir à de nouvelles variétés naturellement résistantes. La sélection de variétés mieux adaptées ne concerne pas que le comportement vis-à-vis des maladies. En blé par exemple, céréale fréquemment attaquée par les limaces, les sélectionneurs cherchent à obtenir des variétés moins attirantes pour ces ravageurs afin de réduire l'utilisation des produits.

Un travail sans cesse renouvelé

Mais rien n'est jamais acquis. En effet, à l'instar de la grippe, un peu différente chaque année, les maladies des plantes changent au fil du temps. Les organismes pathogènes qui en sont la cause sont des êtres vivants qui évoluent, s'adaptent et sont capables, par sélection naturelle, de contourner la résistance d'une variété ou de devenir insensibles à des produits de traitement jusque-là efficaces. C'est ce que nous connaissons pour l'homme avec la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques. De plus, les échanges internationaux et les changements climatiques générent l'apparition et le développement de nouveaux parasites. Le travail du sélectionneur n'est donc jamais fini. Et il s'agit d'une course contre la montre, car il doit anticiper l'évolution de maladies en quelques saisons, alors qu'il faut 10 ans pour créer une nouvelle variété.

Prendre un bon départ

Au-delà de l'aspect variétal, les semences (ou les plants) jouent aussi un rôle déterminant sur le devenir des cultures de par leur qualité sanitaire. Pour éviter que des sols ne soient contaminés par des maladies dont ils étaient exempts, il est indispensable d'utiliser des semences ou des plants certifiés. En effet, leurs conditions de production, strictes et contrôlées, garantissent un parfait état sanitaire. Le maintien durable d'une culture de pommes de terre constitue une parfaite illustration de la nécessité d'utiliser des plants certifiés, car les maladies peuvent réduire les rendements, compromettre la qualité et la conservation des récoltes, et contaminer les sols pour de longues années. Le traitement des semences ou des plants assure une protection durable des jeunes plantes, ce qui limite le risque de maladies dans les cultures et les traitements en plein champ pour lutter contre ces maladies.
Le traitement des semences consiste à recouvrir les graines d'une fine couche de substances actives afin de les protéger contre les maladies et les parasites. Seule la semence est en contact avec le produit. Cela constitue un progrès pour l'environnement. Ainsi, pour le blé, un traitement appliqué à la surface des grains est équivalent à 70m² pour une culture d'un hectare, alors qu’un traitement par pulvérisation en champ couvre les 10.000 m².
Il y a 8 à 10.000 ans, au Néolithique, un croisement naturel a eu lieu entre deux espèces proches : un blé dur et une Aegilops. Ce croisement est à l'origine du blé tendre. Par la suite, le blé tendre a fait l'objet de milliers de travaux de sélection. Récemment, le développement des cultures de blé d'hiver a favorisé l'extension du piétin-verse. Cette maladie grave attaque les tiges et provoque la verse des plantes qui ne peuvent plus tenir debout. Cela nuit bien entendu fortement au rendement obtenu. C'est dans des lignées d'Aegilops que les sélectionneurs ont pu trouver la résistance au piétin-verse qui faisait défaut au blé tendre. Ils ont alors réintroduit un fragment de chromosome d'Aegilops dans des variétés de blé tendre pour les rendre résistantes.
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