Oignon : la fin des larmes

Aimez-vous l'oignon ? Oui, mais vous n'aimez pas l'éplucher. Normal, dès que vous plantez le couteau dans le bulbe, les yeux vous piquent et se mettent à pleurer. Rassurez-vous : d'ici quelques années, grâce à la génétique, vous devriez trouver sur les étals de légumes un oignon qui ne fait pas pleurer.

Les oignons nous agressent

L'histoire commence au Japon. Une équipe de chercheurs cherche à comprendre pourquoi l'oignon nous fait verser des larmes lorsqu'on l'épluche. En 2002, ils réussissent à expliquer le phénomène : l'oignon est composé (entre autres) de composés sulfurés. Lorsqu'on le coupe, on perce ses cellules. Une enzyme – l'allinase – réagit alors avec ces composants sulfurés et produit un autre composé, volatile cette fois, qui s'échappe sous forme de gaz. Un gaz agressif pour nos yeux : le voilà, le responsable ! Car quand il entre en contact avec le liquide qui protège notre cornée, il se dissout et forme de l'acide sulfurique, très irritant. Notre cerveau provoque immédiatement une grande production de larmes pour rincer l'œil. Et les yeux se mettent à cligner pour améliorer le nettoyage.

Réduire le gène au silence

Intrigués par cette découverte, les chercheurs d'un laboratoire de recherche néo-zélandais cherchent à désactiver cette enzyme. Comment s'y prennent-ils ? Ils commencent par isoler le gène qui commande sa fabrication. Et ils le réduisent au silence, de manière à ce qu'il ne puisse plus déclencher la production de l'allinase. Pour cela, ils introduisent dans la cellule d'oignon une séquence capable d'inhiber le gène. Tout le processus est alors stoppé et nos yeux ne sont plus irrités ! En 2005, leurs essais aboutissent : ils obtiennent le premier oignon qui ne fait pas pleurer.

Dix à quinze ans avant la mise en marché

Cette modification génétique donne-t-elle à l'oignon une saveur nouvelle ? Les chercheurs assurent que non : l'enzyme inhibée n'est pas liée à la saveur de l'oignon. Mais pour vérifier par soi-même et le goûter, il faudra encore patienter... Dix à quinze ans sont nécessaires avant la mise en marché, disent-ils. Pour une raison simple : l'oignon est une plante bisannuelle et ne produit des graines que tous les deux ans. Étudier les caractères agronomiques et qualitatifs de la descendance du premier oignon obtenu prend donc quatre ans ! Il faudra encore quelques cycles de reproduction avant d'obtenir une variété commercialisable et qui ne fera plus pleurer. En attendant, autant se rappeler ces quelques astuces : pour éviter de pleurer en épluchant un oignon, mettez-le au congélateur dix minutes, ou bien pelez-le sous l'eau - dans le bac de l'évier, dans une bassine...Ces astuces ne seront peut être pas aussi efficaces que la génétique, mais ça vaut la peine d'essayer !
Originaire du Moyen-Orient, l'oignon se répand autour de la Méditerranée plusieurs siècles avant notre ère. C'est une des premières plantes que l'homme domestique. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains le cultivent et l'apprécient. Au Moyen Age, il fait partie de l'alimentation de base des paysans et est utilisé à la fois comme légume, comme condiment et comme médicament. Mais la mauvaise haleine qu'il procure a souvent rebuté : les riches, à la fin du Moyen Age, lui préfèrent les épices importés d'Asie, le poivre ou le clou de girofle. Au XIXe siècle, la culture de l'oignon se développe en France, notamment en Bretagne et dans les Cévennes, où l'on cultive un oignon doux qui bénéficie aujourd'hui d'une Appellation d'origine contrôlée (AOC).
Il existe une foule de variétés d'oignons. Certaines sont plus douces que d'autres, comme les oignons rouges : à l'épluchage, ils piquent un peu moins les yeux ! Les oignons sont le plus souvent classés par couleur. Les blancs sont petits et se consomment frais, au printemps ou en été. On peut les manger confits au vinaigre ou en jeunes plants, à la manière de la ciboulette. Les jaunes, les plus classiques, sont de gros oignons que l'on récolte en fin d'été, à pleine maturité et bien secs. Ils se conservent tout l'hiver. Souvent, le nom d'une variété d'oignon renseigne sur sa précocité, sa forme, sa couleur ou bien encore son origine. Par exemple : «Rouge gros plat d'Italie», «Jaune de Mulhouse», «Extra-hâtif de Malakoff», «Très hâtif de Vaugirard». Quant à «Merveille de Pompéi», il était déjà cultivé du temps des romains, il y a deux millénaires...
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