À Aubervilliers, « un peu de verdure au pied des murs » !

Tedjini-Michel Maiza - Maire-adjoint - Ville d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)

Comment avez-vous eu connaissance de l’opération « Laissons pousser ! » ?

Tedjini-Michel Maiza - Maire-adjoint - Ville d'Aubervilliers (Seine-Saint-Denis)
C'était en 2010, année officielle de la biodiversité, grâce à l’Agence Régionale pour la Nature et la Biodiversité en Île de France (Natureparif), agence qui soutient cette opération.

S’inscrit-elle dans un projet « durable » plus global pour la ville d’Aubervilliers ?

Oui, un sachet, un coin de terre, un pot, une jardinière ! On sème et le tour est joué. Par ce simple geste, nous montrons qu’il est possible de tourner la page de l’ère industrielle que la ville a connue et dont elle porte encore les stigmates : pollution des sols, friches industrielles… Le projet durable de la municipalité est de réintroduire la biodiversité dans la ville et de faire revivre, en quelque sorte, le passé maraîcher du territoire qui pendant trois siècles nourrissait la ville de Paris. Il s'articule autour de nombreuses initiatives : - Aménagement des berges du canal, - Installation d’un rucher, - Inscription de la ville dans le programme national « Abeille, sentinelle de l’environnement », - Ouverture de jardins partagés (huit déjà en fonctionnement, et quatre en projet), - Mise à disposition de composteurs, - Étude sur la place de l’animal (non domestique) en ville, - Dispositif de vélos en libre-service, - Projets de façades végétalisées, - Adoption d'un « Agenda 21 », - Mise en avant des énergies renouvelables. La ville d'Aubervilliers s’engage ainsi dans des voies innovantes pour que le « B » de banlieue rime moins avec le « B » de béton et davantage avec le « B » de biodiversité !

Comment s’est concrétisée cette opération à Aubervilliers ? Quelles en ont été les différentes étapes ?

Nous souhaitons inciter tous les habitants à participer à cette initiative pour réintroduire la biodiversité en ville. Pour la première édition, des groupes d’enfants d’un centre de loisirs ont assisté à la mise en godets de semences que nous avions fait pousser dans les serres municipales. Les enfants ont peint et décoré les pots au centre de loisirs. Le jour de l’opération, ils ont semé, avec leurs animateurs, des graines dans des jardinières de rue et distribué les pots et les sachets de semences dans le quartier le plus dense de la ville. L’office HLM de la ville (partenaire de l’opération) a distribué des sachets de graines à tous ses locataires. Enfin, une distribution massive a été mise en place le jour du marché. Pour la seconde édition, 5.000 sachets de graines ont été mis à disposition dans les salles de quartier et un millier de fleurs poussées en godet dans les serres de la commune ont été distribuées. Par ailleurs, nous avons choisi le thème du « fleurissement des pieds d’arbres », trop souvent malmenés dans nos villes. Les pieds d’arbres de la rue du Moutier, préalablement préparés par les jardiniers de l’unité territoriale des Espaces verts, ont reçu leurs graines des mains des commerçants et du collectif d’habitants du centre-ville, qui préfèrent y voir fleurir marguerites, trèfles et pissenlits plutôt que mégots et crottes de chien ! Avec les commerçants, nous avons organisé un « Happening » un samedi toute la journée : - Trio de jazz en terrasse de café, - Atelier de peinture avec des enfants, animé par une artiste peintre du quartier, - Numéro de clown prestidigitateur, - Fleurissement de quatre pieds d’arbres avec des enfants du quartier pour clore la journée. Peintures et photos prises lors de cette manifestation ont ensuite été exposées à l'automne et une distribution de graines germées a été suivie d’un verre de l’amitié.

Quels sont les objectifs du projet ?

Sensibiliser le plus grand nombre d’habitants de la ville et développer les initiatives participatives. Avec l’opération « Laissons pousser ! », il y a une symbolique forte, on sème pour l’avenir, et une dimension de démocratie participative que nous sommes heureux de mettre en oeuvre.

Avez-vous partagé cette expérience avec d’autres communes ?

Oui, avec la ville de Bagneux par exemple, avec laquelle des échanges se sont créés entre associations de jardiniers ou de jardins partagés. Nous avons aussi partagé cette expérience avec les arrondissements parisiens les plus proches d'Aubervilliers.
LG
MD
SM