A l'écoute, vigilant et prospectif : les qualités du sélectionneur !

Alain Taillardat - Directeur des programmes de recherche - MAISADOUR SEMENCES

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Alain Taillardat - Directeur des programmes de recherche - MAISADOUR SEMENCES
C’est le travail sur le vivant, la biologie végétale ; de participer à l’amélioration de la production agricole grâce au progrès génétique et également le rythme saisonnier de ce métier, proche de la nature, des plantes et du terrain.

Quelles sont vos « sources » pour l’amélioration des plantes ?

D’abord le fonds génétique de l’entreprise Maïsadour, accumulé et amélioré depuis 50 ans de sélection. Ensuite, des lignées obtenues par accords de licence avec des partenaires (semenciers privés ou Instituts publics), des populations sources que l’on obtient grâce au réseau international de conservation des ressources génétiques auquel nous participons en tant que membres de Promaïs et de Promosol (association entres sélectionneurs privés et INRA). Enfin, des hybrides commerciaux, qui peuvent être des sources de variabilité génétique.

Que faites-vous pour les préserver et les régénérer ?

Nous les maintenons, nous les conservons, nous les caractérisons. Nous les croisons avec des sources amélioratrices, nous les échangeons avec des partenaires. La biologie moléculaire, notamment les techniques de génotypage sont devenues un outil de premier ordre, à la fois pour caractériser et pour piloter l’amélioration du matériel génétique.

Comment identifiez-vous les attentes de la société ? Comment y répondez-vous dans votre métier de sélectionneur ?

Il faut toujours être à l’écoute, observateur des débats portés par notre milieu professionnel et par l’opinion publique. L’ensemble des services de l’entreprise a pour mission de renvoyer les attentes du marché, les évolutions du contexte réglementaire, politique et social. Il faut être vigilant et prospectif. Il faut 10 ans pour traduire en termes de nouvelle variété commerciale un thème identifié comme nouveau et essentiel, un nouvel axe de sélection. Prenons l’exemple des variétés performantes dans un contexte d’intrants raisonnés : irrigation raisonnée, fertilisation raisonnée, tolérance à la sécheresse, résistance aux insectes, aux maladies et aux adventices, qualité spécifique. A chaque fois, nous lançons des projets de recherche adaptés : définition de l’objectif, collecte des sources génétiques, choix de la méthodologie de sélection et de test (rendement, qualité, stress, etc.). 

Citez-nous quelques exemples concrets d’amélioration végétale

Nous pourrions citer des exemples pendant des heures !
  • Augmentation du rendement (on parle généralement de 1% par an) ;
  • Amélioration de la précocité ;
  • Amélioration de la digestibilité du maïs ensilage ;
  • Amélioration de la tolérance à l’helminthosporiose, à la pyrale ;
  • Amélioration de la résistance à la verse racinaire ;
  • Amélioration de la teneur en acide oléique de l’huile de tournesol ;
  • Amélioration de la teneur en huile totale ;
  • Amélioration de la résistance au mildiou, de la résistance à l’orobanche…

Quel est l'intérêt du « Certificat d'Obtention Végétale » ?

C’est une forme originale de protection de la propriété intellectuelle, adaptée spécialement aux variétés végétales. Quand vous obtenez un COV sur une variété, c’est parce qu’elle est nouvelle et distincte, donc originale. La protection vous permet de l’exploiter commercialement pendant 20 ou 25 ans sans qu’elle puisse être « copiée ». Ce mécanisme permet de financer nos programmes de recherche, par les royalties que cela génère (rémunération du droit d’auteur au créateur, à l’obtenteur). L’originalité du COV réside dans le fait que ce droit prévoit deux exceptions :
  • L’exception du sélectionneur : elle permet à tout sélectionneur de puiser la variabilité génétique dans la variété, une fois commercialisée. Cela garantit l’accès à tous de la variabilité génétique pour permettre de futurs progrès ;
  • L’exception de l’agriculteur, qui a le droit de reproduire la variété, mais pour ses seuls besoins propres. Il n’a pas le droit d’en faire commerce.
Ces deux exceptions font du COV un système de protection équilibré et ouvert. Il permet de financer la recherche, sans bloquer l’accès à la variabilité génétique.  C’est la grande différence avec le brevet, beaucoup plus restrictif.
LG
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