Le Lingot du Nord, une culture restée traditionnelle

Lingot du Nord - Séchage sur perroquets
Une texture fondante, non farineuse, une peau fine qui rendent inutile le trempage avant cuisson : les caractéristiques du Lingot du Nord sont avant tout des critères de la qualité. Il détient un Label rouge et une Indication Géographique Protégée (IGP), qui impliquent un cahier des charges précis que tous les producteurs doivent respecter. Ses exigences vont de la semence au type de sol, en passant par le mode de culture et de récolte. Au final, ce cahier des charges donne l'assurance au consommateur que les qualités propres au Lingot du Nord seront présentes dans tous les sachets estampillés de son nom.

Une culture à la fois facile et contraignante

La culture du Lingot du Nord dure quatre mois en moyenne. Le semis est réalisé vers la fin mai et la récolte vers le 15 septembre. Le haricot grandit pendant toute la période estivale. Il a simplement besoin de binages réguliers, qui aèrent le sol et éliminent les mauvaises herbes concurrentes. Le cahier des charges exige une rotation des cultures de quatre ans : cela signifie qu'un producteur ne peut cultiver le Lingot du Nord sur une même parcelle qu'une fois tous les quatre ans. Cette technique permet de réduire les risques de maladies et de préserver la fertilité des sols. La récolte du Lingot du Nord est très exigeante, à la fois en main d'œuvre et en savoir-faire. Comme ce haricot est nain, ses gousses poussent à ras du sol. Les binages effectués au cours de l'été permettent de butter légèrement la plante, et le haricot est alors fauché juste sous cette petite butte, sous terre, pour ne pas abimer les gousses. Il est d'ailleurs interdit de récolter à l'aide d'une moissonneuse-batteuse, qui détériorerait les gousses et les grains. Une fois récoltées, les plantes sont déposées sur des bâtons appelés perroquets. Elles y restent plusieurs semaines pour sécher à l'air libre. Elles sont ensuite rentrées dans les granges. Elles y restent tout l'hiver dans l'attente du battage : cette opération permet d'égrainer les gousses. Le Lingot du Nord est battu, pour la commercialisation, uniquement au fur et à mesure de la demande. Cette conservation du grain dans sa gousse, le plus longtemps possible, est indispensable à la qualité du haricot. C'est ce qui lui assure sa texture fondante et sa peau fine.

Un tri entièrement réalisé à la main

Pour la production de semence, le battage doit être effectué 60 jours maximum avant la plantation. C'est, là aussi, ce qui garantit une excellente qualité germinative. La semence, contrôlée par le service technique de l'interprofession des semences et plants, doit être uniquement de la variété « lingot », produite localement. Après le battage, vient l'étape du tri effectué uniquement à la main ! La tolérance de défauts est de 0,5% pour commercialisation et de 0,25% pour les semences. En magasin, le consommateur trouvera toujours, dans les sachets de Lingot du Nord, un haricot à grain droit, de couleur blanche à blanc cassé, récolté dans l'année. A déguster !

Le haricot, de son nom latin Phaseolus vulgaris, est né en Amérique du Sud. Avec le maïs et la courge, il fait partie des premières plantes cultivées sur ce continent, puisqu'on en retrouve des traces, datées de 7.000 et 6.000 avant J.-C., dans des sites archéologiques au Pérou. Il a toujours fait partie de l'alimentation de base de ces pays. Dans les années 1500, il fut largement décrit par les conquistadores... qui le ramenèrent en Europe. Il était facile à cultiver et à multiplier, il produisait beaucoup : le haricot fut vite adopté dans les campagnes françaises ! De très nombreuses variétés existent aujourd'hui, fruit de la sélection des paysans qui l'adaptèrent au climat et au sol de leur région, fruit aussi du travail des chercheurs, au XXème siècle, qui créèrent des variétés sans fil, plus faciles à récolter et résistantes à certains virus.
On trouve des traces de la culture du lingot dans la vallée de la Lys dès 1856. Le sol et le climat lui ont toujours été propices : des sols argileux (un minimum de 20% d'argile est requis par le cahier des charges), un climat doux et peu pluvieux en été, avec des vents dominants d'est et du nord qui facilitent le séchage sur perroquets dans le champ. Le lingot de la vallée de la Lys a été présenté lors de l'exposition universelle de 1867. En 1909, 4.400 ha de haricots étaient cultivés dans la région ! Une zone de petites fermes, à l'époque et encore aujourd'hui, qui correspond bien à la culture du haricot, exigeante en main d'œuvre familiale.
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