En France, 4000 hectares de production
Cette grande plante vivace de trois mètres de haut, aux multiples fleurs jaunes, appartient à la famille des Astéracées, comme le tournesol. Originaire des régions tempérées d’Amérique du Nord, elle est très répandue dans l’est des États-Unis et au Canada. En Europe, l’Allemagne développe la silphie depuis plus de vingt ans. Elle connaît aujourd’hui un développement exponentiel avec quelque 10 000 hectares cultivés en 2022. En France, l’espèce suscite l’intérêt de plus en plus d’éleveurs et d’agriméthaniseurs. Depuis 2018, la société vosgienne Silphie-France importe des semences allemandes de la variété ‘Abica Perfo’ et accompagne les agriculteurs qui se lancent dans cette culture. Ainsi, en 2022, plus de 4 000 hectares sont cultivés dans 67 départements.
Résistante aux aléas climatiques
La silphie perfoliée est une plante pérenne, installée pour quinze ans, voire plus. Une fois bien implantée, son système racinaire profond de deux à trois mètres lui permet de puiser l’eau dans le sol. Elle résiste donc mieux à la sécheresse qu’une espèce annuelle. La plante réclame autant d’eau qu’un maïs mais pas aux mêmes périodes. Elle pousse dès le mois de février et atteint déjà 1,70 mètre à la mi-juin pendant que le maïs, semé seulement depuis quelques semaines, a les besoins en eau élevés des plantes en pleine croissance. La silphie tolère également le gel jusqu’à - 40 degrés, les fortes pluies et les périodes d’immersion de plusieurs semaines. Une plante warrior en quelque sorte !
Alimenter vaches et méthaniseurs
La silphie est récoltée en ensilage ou enrubannage un an après le semis. Une coupe mi-juin puis une seconde fin septembre procurent jusqu’à 14 tonnes MS/ha [1], autant qu’un maïs en moyenne. De quoi sécuriser les stocks de fourrage. Plus riche en protéines que le maïs mais plus faible en énergie, la silphie intègre la ration des bovins et d’autres ruminants. Les éleveurs affichent un fort intérêt pour alimenter les troupeaux avec la silphie.
Avec un pouvoir méthanogène proche de celui du maïs, la plante aux fleurs jaunes intéresse aussi les producteurs de biogaz. Elle est alors ensilée entre mi-août et fin septembre et offre un rendement de 15 à 20 tonnes de MS/ha.
Là où le bât blesse, c’est le coût d’implantation. Il faut compter environ 1800 €/ha de semences et d’engrais, une charge conséquente surtout si on ajoute l’absence de récolte en première année. Le calcul doit toutefois se raisonner à long terme en intégrant tous les atouts de la culture.
Sabine Huet
[1] MS : matière sèche