La biodiversité des plantes : la base du métier de sélectionneur

La biodiversité des plantes est un patrimoine clef pour la recherche végétale. Les sélectionneurs ne peuvent pas prendre le risque de la mettre en péril. Ils ont donc toujours préservé les ressources génétiques, base de leur travail d’amélioration des plantes. Qu’il s’agisse d’anciennes populations ou de variétés plus récentes, les semenciers privés et publics ont ainsi créé des collections de ces ressources qu’ils ont partagées en réseau. Ils ont constitué des collections françaises accessibles à tous gratuitement, au niveau national et international. Par ailleurs, les sélectionneurs enrichissent chaque année la biodiversité disponible pour l’agriculture en créant de nouvelles variétés. Quant aux anciennes variétés qui ne sont plus utilisées par les agriculteurs ou les jardiniers, elles sont conservées dans les collections. Elles peuvent servir de base aux sélectionneurs ou même revenir dans nos assiettes si elles sont à nouveau demandées. Des sélectionneurs témoignent de l'importance d'une conservation active et dynamique de la biodiversité végétale cultivée pour la création de nouvelles variétés.

Enrichir la biodiversité

« Il existe plusieurs sources pour l’amélioration du blé : les variétés commercialisées de notre propre société ou des autres obtenteurs (que nous pouvons utiliser grâce au système des Certificats d’Obtention Végétale), les variétés provenant d’autres pays, les variétés ancêtres du blé, les « banques de gènes » publiques (variétés anciennes ou anciennement commercialisées).  Dans notre travail de recherche, nous utilisons différentes ressources génétiques, et nous les « brassons ». Nous explorons les ressources, nous nous les échangeons. Ce travail est donc une vraie richesse pour la diversité génétique ! ». Jayne Stragliati - LIMAGRAIN « Je participe avec les autres sélectionneurs à la préservation des Ressources Génétiques : exemple de Pro-maïs et de ses 1.300 variétés anciennes conservées dans la collection de réseau. Je défends l'option de la protection par les Certificats d’Obtention Végétale, qui permet l'accès à toutes les ressources génétiques commercialisées et l'enrichissement permanent de la biodiversité disponible d'une espèce ». Jean Beigbeder – PROMAÏS « Nos sources sont les collections nationales ou mondiales, et les échanges entre partenaires des différents pays. Le travail sur les ressources génétiques suppose d’aller chercher de la diversité, car c’est dans la diversité que se trouvent l’hétérosis, les gènes d’intérêt et la complémentarité des génomes. Il faut aller chercher cette biodiversité précisément là où les espèces se sont diversifiées dès le départ. Nous allons aussi vers des collections nationales auxquelles nous participons activement, c'est-à-dire que nous les enrichissons nous-mêmes. Les collections servent avant tout à maintenir la diversité génétique globale, diversité plutôt ancienne. Nous participons activement à l'enrichissement des collections et au maintien des ressources existantes par multiplication sur nos stations». Patrice Jeanson - EURALIS

La préservation des ressources génétiques est indispensable

« Nous avons à disposition nos propres ressources génétiques que nous maintenons, mais aussi les ressources génétiques en France (banques de gènes conservées par l’INRA mais aussi par des réseaux d’amateurs éclairés) et à l’international. Nous sommes intégrés dans des réseaux pour partager ce travail et les résultats avec d’autres entreprises semencières et les instituts de recherche publique. Nous cherchons tous à accroitre le nombre de variétés contenues dans les banques de gènes, car celles-ci nous sont absolument indispensables dans notre activité, c’est pourquoi nous participons et soutenons les collectes de variétés « sauvages ». Nous utilisons cette variabilité génétique sans l’épuiser ». Daniel Gabillard - VILMORIN « Nous participons avec les autres semenciers à des réseaux de préservation des ressources génétiques. Tous les ans, l’INRA nous confie un certain nombre de ressources génétiques à multiplier et sur lesquelles nous devons faire des notations (précocité, résistance aux maladies, etc...) ». Jean-Pierre Jaubertie - AGRI OBTENTIONS

Un patrimoine pour l’humanité

« La sélection se fait sur un principe de base : la diversité est la seule garante d’un progrès génétique tangible. Tous les génotypes que nous obtenons des banques de gènes sont conservés chez nous et entretenus régulièrement (mis au champ tous les 3-4 ans). Par ailleurs, nous participons au maintien de la collection génétique lin française issue de l’INRA avec l’Institut Technique du Lin et les autres obtenteurs lin». Reynald Tavernier - LINEA Semences de lin « L’amélioration des plantes a besoin d’une variabilité génétique large et de plantes préexistantes. C’est un processus lent et cumulatif, qui procède étape par étape. Les ressources génétiques visent à maintenir le maximum de variétés dans chaque espèce. C’est un patrimoine commun qu’il faut préserver, essentiel pour les besoins de l’humanité. Selon les observateurs scientifiques, la variabilité génétique globale, exprimée en terme de « gènes », n’a pas diminué suite à la sélection de nouvelles variétés et elle a même globalement augmenté, avec la recomposition de nouveaux patrimoines génétiques ». Denis Lor - VILMORIN & CIE
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