Le blé dur, comme son nom l'indique, est trop dur pour être réduit en farine (amidon vitreux et non farineux), en raison de l’absence de certaines
protéines (puroindolines). Ceux-ci sont réduits en semoule, utilisée pour la fabrication de pâtes alimentaires. La semoule est également utilisée pour le couscous, pour des potages et pour certains gâteaux secs. Elle peut aussi entrer dans la fabrication de pains et galettes (Grèce, pays du Maghreb, etc.).
La sélection variétale moderne doit répondre à la fois aux attentes des agriculteurs et de la filière semoulière. La sélection variétale travaille sur les caractéristiques agronomiques des blés durs :
résistance à la
verse, productivité et poids du grain important, résistance à certaines maladies (rouille, fusariose, oïdium), bonne valorisation de l’azote. Les profils des différentes
variétés cultivées en France (Miradoux, Fabulis, Isildur, Sculptur, Tablur, Pescadou, Babylone, Dakter, etc.) permettent des solutions adaptées à chaque terroir. Les nouvelles variétés sont également sélectionnées sur des critères de qualité alimentaire comme l'indice de jaune, la résistance à la moucheture, la résistance au mitadinage (anomalies de couleur et de texture qui affectent la qualité) et la teneur et la qualité des protéines. De nouvelles contraintes se présentent à nous en termes de sécurité alimentaire : mycotoxines et teneur en cadmium etc.
« Au cours de l’histoire de la domestication par l’homme du blé dur, depuis la forme sauvage aux variétés actuelles, la biodiversité génétique s’est réduite d’un facteur de 100 à 15, cette réduction s’échelonnant depuis le Néolithique », indique le spécialiste. Comment répondre aux enjeux agronomiques de l’amélioration variétale (adaptation à la sécheresse et résistance à certaines maladies comme la fusariose), dans ce contexte ? Pour pallier cette perte de biodiversité, la solution est d’aller chercher dans la diversité des formes ancestrales les
gènes intéressants. La forme ancestrale
dicoccum présente par exemple une bonne résistance à la fusariose. Réussir un
croisement entre une
espèce ancestrale et une variété actuelle,
sélectionner dans la descendance des
génotypes qui vont être performants sur les plans agronomique et qualitatif tout en ayant intégré cette résistance est un travail lent et délicat puisque la variété ancestrale présente des défauts «éliminés» par l’homme au fil du temps (grains vêtus, faible productivité, etc.).
« Notre travail, à l’INRA, est de proposer aux sélectionneurs des géniteurs intégrant des gènes très intéressants de variétés « oubliées » afin d’enrichir au maximum le pool génétique actuel », conclut-il.