Le maïs est un champion de l'adaptation car sa diversité génétique est véritablement étonnante. © MAIZ'EUROP
Au XVème siècle, les européens découvrent avec le «Nouveau Monde» une nouvelle plante alimentaire, le maïs. Grâce aux peuples indigènes de ce continent, le maïs avait déjà conquis de vastes territoires. Avec les européens, il va partir à la conquête du monde.

Les ancêtres américains

La téosinte, graminée annuelle, est désignée comme l’ancêtre du maïs. Les épis de cette plante ne portent que quelques grains. Au Mexique, il y a 9.000 ans, des gisements archéologiques de la vallée de Tehuacan indiquent que la population consommait déjà du maïs avec des épis de 3 à 4 cm de long. En 1.000 ans, les peuples précolombiens domestiquent le maïs dont la taille de l’épi et le nombre de grains augmentent progressivement. En récoltant et en cultivant les plantes qui possédaient les plus beaux épis, les hommes vont sélectionner des populations de maïs dont la place dans leur alimentation est de plus en plus importante. Ainsi, le maïs était la nourriture principale des peuples du centre de l’Amérique : Incas, Mayas, Aztèques … Puis en quelques milliers d’années, les hommes introduisent le maïs jusqu’au nord de l’Amérique.

La découverte du maïs par les Européens

En 1492, Christophe Colomb et son équipage voient pour la première fois du maïs à Cuba. En 1520, Magellan trouve du maïs à Rio de Janeiro et en 1535, Jacques Cartier découvre des cultures de maïs sur l’emplacement de la future ville de Montréal. Ainsi, le maïs était déjà cultivé de l’Argentine au Canada. C’est sans doute les botanistes qui accompagnent Christophe Colomb qui introduisent le premier maïs en Europe en 1493, à partir des Caraïbes. A partir du sud de l’Espagne, le maïs se répand dans les régions suffisamment chaudes et humides de l’Europe : le Portugal en 1515, puis le Pays-Basque Espagnol, la Galice, le sud-ouest de la France, la Bresse, la Franche-Comté …, l’Italie, l’Egypte et tout le bassin méditerranéen. Les populations de maïs du nord des Etats-Unis et du Canada facilitent son acclimatation dans d’autres régions du nord de l’Europe.

Les variétés de population de maïs

Aujourd’hui, les généticiens ont identifié environ 20.000 populations de maïs sur le continent américain. A partir de populations de maïs importées de différentes régions de ce continent, et de leurs combinaisons, se créée une très grande diversité de populations de maïs en Europe. En France, les populations régionales de maïs bien connues sont « le blanc doré des Landes », « le grand roux Basque », « le maïs jaune de Bade », « la Millette du Lauraguais » et les maïs précoces du Massif Central et des Pyrénées tels que le maïs « Lacaune » et le maïs « Bugard ». Elles sont utilisées pour l’alimentation humaine sous forme de bouillie et de galette, et pour l’alimentation des porcs et des volailles. Les rendements moyens de ces « populations de pays » sont compris entre 8 et 12 quintaux par hectare, et varient beaucoup selon les années.

L’apparition des maïs hybrides

Dès 1946, le professeur Alabouvette explique aux agriculteurs l’intérêt des hybrides de maïs. Il s’agit de créer des lignées pures de maïs qui possèdent des caractères intéressants et de les croiser entre elles pour disposer de semences hybrides homogènes, qui cumulent les caractères positifs et dont la vigueur hybride permet de doubler ou de tripler les rendements par rapport aux populations utilisées. En 1948, les premières semences hybrides américaines sont introduites et cultivées en France. A partir de 1950, les agriculteurs français décident alors de s’organiser pour produire eux-mêmes leurs semences hybrides et ne pas être dépendants d’importations américaines. Les travaux de l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) aboutissent en 1957, à la mise à la disposition des agriculteurs français de variétés hybrides beaucoup mieux adaptées à nos conditions climatiques et nettement plus productives que les hybrides américains. En 1955, la culture d’hybrides ne représentait que 50% des surfaces de maïs dans un département tel que les Pyrénées atlantiques. Les objectifs fixés à la Libération d’autosuffisance alimentaire sont encore loin. Mais en 10 ans, avec le développement des hybrides, les rendements doublent et passent de 20q/ha à 40q/ha. Les hybrides de maïs se généralisent dans toutes les régions et pour toutes les productions : maïs doux, maïs pop-corn, maïs blonds pour le gavage des animaux et la consommation humaine, maïs vitreux pour les corn-flakes, maïs dentés et cornés-dentés pour l’alimentation animale… Ce sont pour ces mêmes raisons que le maïs est devenu la céréale la plus consommée dans le monde.
En 1948, on introduisait en France les premiers hybrides de maïs des Etats-Unis. Mais, pour des raisons climatiques, ces variétés hybrides ne pouvaient être cultivées avec succès que dans les régions du sud de l’Europe. Dans le Tarn, sur le plateau d’Anglès, entre les Monts de Lacaune et la Montagne Noire, on cultivait du maïs pour donner aux vaches pendant la traite. A 720 mètres, avec une température moyenne de 14,5°C entre mai et septembre, ce maïs venait rarement à maturité. Les agriculteurs faisaient venir la semence des régions voisines, plus chaudes. Or en 1943 et 1945, les étés sont chauds. Quelques épis de maïs mûrissent. Un agriculteur les récolte et les ressème pendant plusieurs années. Il sélectionne ainsi une variété précoce. Ces maïs intéressent beaucoup les agronomes de l’Institut National de la Recherche Agronomique. Ils croisent cette population de maïs en 1947, à Versailles, avec du maïs d’Amérique du Nord. C’est ainsi que les premiers hybrides de maïs tolérants au froid apparaissent. Ces maïs hybrides précoces, nettement plus productifs que les hybrides américains importés, vont partir à la conquête des régions plus froides et gagner la Belgique, l’Allemagne, les Pays-Bas…
Si le maïs occupe rapidement une place de plus en plus importante en Europe, c’est que cette plante alimentaire peut prendre le relais assez tardivement au printemps des cultures de blé détruites par des accidents climatiques. Et au XVIème siècle, les famines sont redoutées... D'autant que la population croît de façon significative, le nombre d’européens passant sur cette période de 84 à 111 millions. En 1785, Antoine-Augustin Parmentier, agronome bien connu pour la pomme de terre, publie un mémoire mettant en avant tous les points positifs de la culture et de l’utilisation alimentaire du maïs.
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