L'avenir de la pomme de terre passe par la biodiversité

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Résistance accrue aux parasites ou à la sécheresse, meilleure précocité et cycle plus court : telles sont les qualités que les nouvelles variétés de pommes de terre doivent acquérir pour s'adapter aux conditions de demain. Découverte du monde de la création variétale avec les spécialistes de Grocep, un des quatre obtenteurs français. Nous sommes fin mai 2010 dans la région d’Orléans. Philippe Laty, directeur du Grocep, nous entraîne au milieu de nombreuses parcelles de pommes de terre plantées dans le champ d'essais. Devant ces parcelles, des caisses ont été remplies de pommes de terre : des grosses, des petites, des biscornues ou des bien rondes, à peau rouge, jaune et même violette. Le Grocep a été créé en 1978 à l'initiative des professionnels de la production et de la commercialisation du plant de pommes de terre de la zone Centre et Sud de la France et c’est l’un des quatre obtenteurs français. Objectif ? Enrichir la biodiversité des plantes cultivées en créant de nouvelles variétés pour les besoins des jardiniers, des agriculteurs, des consommateurs français et étrangers, de l'industrie agro-alimentaire et féculière.

Une bibliothèque de gènes pour pommes de terre

Pour créer ces nouvelles variétés, les ingénieurs du Grocep ont à leur disposition plus de 1.000 échantillons de plantes (que l’on appelle des accessions), regroupés dans le Centre de l'Institut National de la Recherche Agronomique (INRA) de Ploudaniel, en Bretagne. « C'est un environnement idéal pour conserver ces pommes de terre, qui sont des plantes à reproduction végétative très sensibles aux pucerons notamment. Or ceux-ci se développent peu dans le climat océanique breton », explique Jean-Eric Chauvin, chercheur travaillant sur ce centre. Parmi ces 1.000 accessions, des variétés anciennes et des variétés nouvelles, mais aussi une trentaine de plantes « apparentées ». Celles-ci, proches de la pomme de terre, sont des espèces sauvages qui ont été ramenées d'Amérique Latine à la suite de campagnes de prospection. Le but ? Constituer et disposer d’une collection de ressources génétiques nécessaires à la création de nouvelles variétés cultivées.

Objectifs de la sélection : des variétés qui font de la résistance

« On compte par exemple plus de 60 agresseurs de la pomme de terre ! », poursuit Jean-Eric Chauvin. Parmi ceux-ci, le mildiou (une maladie causée par un champignon), des virus, des vers appelés nématodes, ou encore la gale commune causée par des bactéries. Problème : les pommes de terre cultivées ne possèdent que peu de gènes les protégeant contre ces fléaux. Il faut donc essayer d'en trouver dans les ressources génétiques, afin de rendre les plants moins sensibles, voire résistants à ces parasites. A la clé : une diminution de l'utilisation des produits phytosanitaires. Autre axe de développement : l'adaptation au changement climatique. Résister à la sécheresse, à des températures plus chaudes et à une modification des sols : telles devront être les qualités des plants de pomme de terre du futur.

Les variétés de demain

Parmi les programmes de développement de nouvelles variétés du Grocep, 50% sont consacrés à la résistance au mildiou, 20% à améliorer les qualités des pommes de terre de consommation, 15% à celles des pommes de terre à chair ferme, et 15% à celles des pommes de terre destinées à la transformation industrielle. Bilan après trente années de sélection : 15 variétés ont été mises au point et sont désormais inscrites au Catalogue français des espèces et variétés, passeport indispensable pour être commercialisées sur le marché français après avoir passé toute une batterie de tests. Le point commun de ces 15 nouvelles variétés ? Elles ont un cycle court et précoce, caractéristiques recherchées. L’une des dernières nées présente une sensibilité au mildiou extrêmement faible, la plus faible du catalogue communautaire. « Elle va très certainement beaucoup se développer dans le secteur de l'agriculture biologique car elle ne nécessite en effet aucun traitement pendant des années ». C’est ainsi que la pomme de terre s’enrichit d’une nouvelle diversité de variétés, bien intéressantes pour les agriculteurs, mais aussi pour les jardiniers amateurs. Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants le 25 mai 2010 sur la station de sélection de Jouffray-Drillaud à Vienne en Val (Loiret).

A la base de ces nouvelles créations : les « géniteurs », c’est-à-dire les plantes intéressantes pour donner naissance à de nouvelles variétés. Tous les ans, le Grocep utilise plus de 120 géniteurs différents et lance trois hectares de nouvelles cultures : les agronomes de cette société plantent ainsi plus de 45.000 semis -soit de futures variétés potentielles- issus de quelques 270 croisements entre ces géniteurs et les variétés de pommes de terre actuellement utilisées en Europe ! A l’issue de deux années de sélection, basées sur l’observation visuelle des caractéristiques du feuillage et des tubercules, seuls 500 à 800 semis sont conservés sur les 45.000 ! «Grocep dispose pour cela de 25 parcelles dispersées en France et à l'étranger afin d'évaluer le matériel génétique. Nous suivons l'adaptabilité à la zone de production -les variétés résistantes à la sécheresse sont par exemple testées en Afrique du Nord-, mais aussi la précocité, le comportement face aux parasites, la rusticité des plants ou encore les qualités techniques des tubercules obtenus. Sont-ils par exemple meilleurs pour la friture ou la cuisson vapeur ? Ont-ils une bonne capacité de conservation ? Il s'agit d'anticiper le type de variétés dont le marché devra disposer dans 10 ans ! », explique Philippe Laty. C'est un gros pari : sur les 45.000 semis réalisés chaque année, seules une ou deux variétés pourraient être acceptées par le marché dix ans plus tard !
On estime le nombre de variétés de pommes de terre à plus de 3.500 dans le monde. 192 variétés de pommes de terre sont inscrites au catalogue officiel français, sésame à la commercialisation, et 1.294 le sont sur la version européenne, qui regroupe l'ensemble des catalogues nationaux de l'Union Européenne. Pour y accéder, les variétés doivent obéir à plusieurs critères qui garantissent leur identité et attestent qu’elles apportent un progrès par rapport aux meilleures variétés actuelles.
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