Comment participer à l'amélioration des données scientifiques sur les insectes pollinisateurs ? Si vous êtes sensible à la biodiversité et doté d'un appareil photo numérique, c'est simple.
Le Muséum National d'Histoire Naturelle et l'OPIE (l'Office Pour les Insectes et leur Environnement) se sont associés, en partenariat avec le Ministère du Développement Durable, autour d'un projet de sciences participatives, le SPIPOLL, Suivi Photographique des Insectes POLLinisateurs.
De l'importance du transporteur de pollen
La pollinisation est le moyen de reproduction de nombreux végétaux. Le pollen va permettre la fécondation d'un ovule et la formation du fruit contenant les graines. Les plantes à graines ont ainsi développé différentes stratégies pour le transport du pollen. Elles peuvent recourir au vent, à l’eau, mais surtout aux animaux « pollinisateurs » comme les oiseaux, les chauves-souris ou autres petits mammifères, et particulièrement les insectes. Au cours de l'évolution, les végétaux ont donc mis au point des stratagèmes visuels et olfactifs pour les attirer. Ces insectes transportent ainsi le pollen, à leur insu, depuis l'étamine (organe mâle) vers les stigmates d'une autre plante (organe femelle).
A travers cette intime association, les bénéfices sont réciproques. La fleur offre du pollen et du nectar (tous deux riches en
protéines, sucres et vitamines) à l'animal qui provoque en retour la fécondation. Ces arrangements mutuels où chacun ressort vainqueur sont le fruit d'une histoire commune sur des millions d'années. La trompe des papillons et la forme des fleurs tubulaires illustrent bien cette co-évolution.
La pollinisation aujourd'hui menacée
Plus de 70 % des cultures (fruitiers,
légumes, oléagineux, protéagineux, etc. soit 35 % de notre tonnage alimentaire) dépendent d'une pollinisation animale. Les pollinisateurs sont donc des
espèces dont la présence et la diversité sont essentielles au maintien de la richesse de nos écosystèmes. Les insectes pollinisateurs appartiennent à quatre classes : hyménoptères, diptères, coléoptères et lépidoptères. Des études ont montré, avec l'exemple du colza, que plus une parcelle agricole est proche d’une zone naturelle peu exploitée, plus son rendement est important.
Mais l'urbanisation, le changement climatique, la destruction des haies ou encore l'usage de certains insecticides sont autant d'activités humaines suspectées de porter atteinte aux insectes pollinisateurs. L'exemple phare est celui de l'abeille domestique. De nombreux apiculteurs témoignent en effet de mortalités importantes. L'utilisation intensive de l'espace par l'homme a une double répercussion sur l'habitat de ces insectes et sur la disponibilité en fleurs qui constituent leur alimentation. Point de départ d'un inquiétant cercle vicieux, le déclin de ces espèces pourrait provoquer lui-même une baisse des rendements agricoles mais aussi des impacts négatifs sur les espèces sauvages.
Sciences participatives pour amoureux de la nature
Pour pallier le manque de données sur les insectes pollinisateurs, un projet de sciences participatives a été mis en place. L'objectif est de collecter, à travers un panel d'amateurs le plus large possible, des observations sur des sites variés et accessibles. Il s'agit, dans un intervalle de temps défini, de photographier un maximum d'insectes butinant sur une fleur donnée.
Chaque fleur est en effet visitée par une diversité d’
espèces liées à sa nature. Le participant dépose ainsi sa collection de clichés sur un site Internet dédié, où il peut identifier chaque espèce grâce à des « fiches insectes ». L’ensemble des données peut ensuite être analysé par des spécialistes.
Grâce au réseau qu'offre Internet, la valeur de ce type d'opération est double. Si l’objectif essentiel du projet est bien une collecte de données scientifiques à grande échelle, son aspect pédagogique est vraiment primordial, montrant à chacun, de façon ludique, l'immense diversité du vivant à travers celle des insectes pollinisateurs.