Tomates : les chercheurs en font une question de goût

Production de plants de tomates
La tomate d'aujourd’hui est ronde, ferme, sans tache, de taille standard et disponible toute l’année. Elle résiste aux transports et aux manipulations dans les étals. Pour répondre à ce cahier des charges très précis, les chercheurs ont procédé à des sélections importantes. Mais dans l’aventure, ces tomates ont perdu de leur saveur. Depuis quelques années, distributeurs et producteurs, aidés par les sélectionneurs, se disent toutefois qu’il serait temps de rendre à la tomate son goût d’origine.

Améliorer la logistique

A Montfavet (Vaucluse), dans une antenne de l’Inra - l’Institut national de la recherche agronomique - des chercheurs sont engagés au milieu des années 90 dans une aventure qui pourrait s’intituler: « A la recherche du goût perdu de la tomate ». Des travaux qui portent déjà leurs fruits. Une collaboration entre chercheurs et sélectionneurs privés dans le cadre d’un programme financé par l’Agence nationale de la recherche a permis de franchir un cap vers des variétés au goût retrouvé. Les partenaires ont visé des caractéristiques adaptées aux circuits courts ou aux jardins d’amateurs. L’objectif est de cumuler qualités agronomiques, résistance aux maladies et qualités organoleptiques. Ces tomates pourraient se retrouver dans nos assiettes d’ici à quelques années.

A la découverte des gènes

En étudiant l’ADN des tomates, les chercheurs de l’Inra ont découvert que la présence de certaines séquences particulières dans cet ADN était associée à celle de certaines propriétés gustatives. Du coup, ces séquences ont été utilisées comme des marqueurs génétiques pour accélérer le processus de sélection des variétés et le rendre plus efficace. Le projet européen Eusol cherche à mieux caractériser, dans le génome de la tomate, les régions impliquées dans le goût. « La plupart des gènes de la tomate sont désormais connus, grâce à une large collaboration internationale », précise Mathilde Causse, directrice de laboratoire à l’Inra de Montfavet. Cette découverte pourra être utilisée par les sélectionneurs pour mettre au point les variétés savoureuses qu’attendent les consommateurs.

Le temps du goût

Si la tomate du XXIème siècle doit retrouver du goût, elle ne doit en aucun cas perdre les qualités recherchées par les distributeurs et les producteurs : résistance aux chocs et aux manipulations, bonne conservation, couleur engageante, rendements suffisants. Reste à espérer que durant les 10 à 15 ans nécessaires à la mise au point d’une tomate nouvelle, le goût du consommateur ne changera pas.
La tomate, Lycopersicon esculentum var cerasiforme, appartient à la famille des solanacées. Pour améliorer la tomate, les sélectionneurs font appel à la biodiversité : espèces sauvages apparentées ou variétés traditionnelles méditerranéennes. Le réseau de ressources génétiques géré par l'Inra contient plus de 1.000 variétés. En France, 315 variétés de tomates sont inscrites au catalogue des espèces et variétés potagères. Il y en a près de 2.500 au catalogue européen !
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