Plantes fourragères : un monde de biodiversité

Le monde des plantes fourragères, c’est-à-dire qui servent à nourrir les animaux, est assez méconnu. Il est composé de multiples plantes, pour de multiples utilisations. Prenons un exemple : la vesce. Les sélectionneurs puisent dans la biodiversité naturelle pour l’étudier et l’enrichir encore !

Une richesse colorée

C'est un méli-mélo de tiges vertes, garnies de feuilles de toutes les tailles et toutes les formes et de fleurs aux teintes allant du rose au pourpre : dans les parcelles d'essai des sélectionneurs, la vesce se présente sous différentes formes. Il est donc normal, que cette plante de la famille des légumineuses, soit largement utilisée comme plante fourragère. Ses parties végétatives, feuilles, tiges voire racines, sont notamment riches en protéines pour l'alimentation animale. Et la diversité offerte par les multiples espèces permet de répondre à des besoins pour l’alimentation des animaux.

Une sélection sur plus de 20 caractères

A l'origine des nouvelles variétés, le croisement de différentes vesces entre elles, comme la vesce velue, la vesce pourpre, la vesce de Pannonie… « L'intérêt peut être d'assembler différentes plantes aux atouts communs, comme celui de la précocité, afin de renforcer ce caractère », explique Annick Basset, sélectionneur chez Jouffray-Drillaud. Le but est de créer de nouvelles variétés, constituées par un ensemble de plantes homogènes et qui rassemblent des caractères ayant un intérêt particulier. « La sélection de la vesce est très pointilleuse » précise-t-elle. Il y a plus de 20 caractères à observer. Il peut s'agir de la forme des feuilles, de la présence de poils sur les gousses et de pigments dans le nectar. Si les plantes sont toutes homogènes, c'est réussi. Si elles sont différentes, on ne prélève que celles présentant un intérêt agronomique particulier, comme celles produisant beaucoup de biomasse ou présentant une bonne précocité ».

La sélection, une question d’équilibres

S'en suit une première année de sélection, consacrée surtout à l'évaluation grainière. « Pour un sélectionneur, un des critères les plus importants est la productivité grainière : ça ne sert à rien de créer une belle bête si on a du mal à la produire !», résume la spécialiste. En parallèle, d'autres critères peuvent aussi être évalués, tels que la tolérance aux maladies, dont le mildiou ou la rouille, qui peuvent toucher cette plante fourragère. La précocité est aussi testée. Il s'agit de trouver le bon compromis entre une capacité d'installation des plantes à l'automne et une résistance au froid : c'est le cocktail qui permet à l'éleveur de préparer au mieux le pâturage pour ses bêtes. Autre aspect essentiel des plantes fourragères : leur bon équilibre nutritionnel.

Concevoir des mélanges de fourragères pour les troupeaux

Le but de cette sélection est aussi de créer des associations fourragères ! Les tests d'associations peuvent alors commencer, notamment en imaginant quelles plantes se complémenteront bien sur le plan nutritionnel, ou quelles plantes pourront servir de tuteur aux plus fragiles. Pour l’alimentation des troupeaux, les spécialistes étudient le vaste choix d’espèces de fourragères, dont des légumineuses (fenugrec, luzerne, minette, sainfoin, trèfles, vesces...), mais aussi des graminées (ray-grass, fétuque, millet, sorgho...), des céréales (avoine, épeautre, sarrasin, seigle...), des crucifères (chou, colza, navet, moutarde, radis...)… L'objectif ? Répondre à la demande des éleveurs, qui ont des besoins de mélanges particuliers adaptés à leurs conditions de sols et de climat, adaptés à la production de foin riche en fibres qui complètent les rations riches en énergie, ou même pour améliorer leurs prairies. Article issu de la journée Biodiversité organisée par l'interprofession des semences et plants le 25 mai 2010 sur la station de sélection de Jouffray-Drillaud à Vienne en Val (Loiret).

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