Pour Dominique Amilien, directeur général de Vilmorin-Mikado, préserver la compétitivité de la filière passera assurément par l’innovation variétale. Il a d’ailleurs insisté sur le fait que l’objectif d’une société de recherche comme la sienne était de « répondre à plusieurs demandes : aux attentes des agriculteurs sur le plan des résistances aux maladies et aux ravageurs ; à celles des industriels en termes de process mais aussi à celles des consommateurs en termes de goût, d’aspect visuel et de conservation. Autant de critères de sélection, parfois antagonistes, qu’il n’est pas toujours facile de regrouper sur une même variété, dans un environnement en perpétuelle évolution », assure-t-il. Les chercheurs doivent, dès aujourd’hui, se projeter sur ce que pourraient être les contraintes de production et les attentes des clients dans 10 ans. Pas simple alors que le rythme d’évolution des parasites et des maladies s’accélère ! Car oui, mettre
au point une nouvelle variété prend, en moyenne, une dizaine d’années. Cela nécessite du temps et de lourds investissements. Mais les méthodes de sélection et les outils technologiques évoluent pour gagner en performance. Citons par exemple le recours au marquage moléculaire, à l’intelligence artificielle (IA), aux statistiques, aux drones... Parmi les avancées de ces dernières années, Dominique Amilien a notamment cité la mise au point d’une variété de tomate tolérante au virus du fruit rugueux brun de la tomate et de laitues résistantes au fusarium : des avancées qui permettent dès lors de préserver la rentabilité des exploitations agricoles. Les enjeux de sélection se mesurent aussi en terme de résistance au stress hydrique ou d’efficience d’utilisation de l’azote pour limiter les apports. Introduire un nouveau critère, sans réduire la performance de la variété déjà mise au point, s’avère parfois un exercice difficile. D’où l’importance de mutualiser les recherches entre instituts publics et privés pour centraliser les banques de données et les ressources génétiques.