Rendez-vous en terres de semences, dans la vallée de l’Authion

Située entre Saumur et Angers, la vallée de l’Authion est l’un des hauts lieux de la production de semences en France. Bénéficiant de sols limoneux fertiles, d’un climat tempéré, de l’irrigation et d’un savoir-faire acquis au fil des décennies, cette plaine alluviale continue de séduire les agriculteurs et les maisons semencières. Retour sur une histoire qui s’est accélérée après la seconde guerre mondiale.

La Vallée de l'Authion compte de nombreuses productions de semences potagères. © Philippe Roux

Implantée sur la rive nord de la Loire, entre Angers et Saumur dans le département du Maine-et Loire, la vallée de l’Authion bénéficie de terres limoneuses, légères et fertiles. Déjà, aux XVIII et XIXe siècles, l’agriculture y est florissante, rythmée par un climat tempéré et des conditions pédologiques favorables. Au fil des décennies, la région se spécialise dans l’horticulture, le maraîchage et la production de semences. Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture française se modernise, et la vallée de l’Authion s’oriente massivement vers la production de semences, grâce à la structuration de filières professionnelles et la création de centres d’expérimentation. Au fil des années, toutes les grandes maisons semencières s’y installent favorisant le développement et la spécialisation de ces terres pour cette activité. Citons par exemple Vilmorin, HM Clause, Limagrain, Bejo, Hemp’It, Terrena Semences, Loire Seeds, Voltz ou encore GSN Semences. 

Des aménagements pour limiter les inondations

Mais à cette époque, l’un des problèmes reste les inondations qui, à la faveur des crues de la Loire, recouvrent régulièrement les terres agricoles. À la fin des années 1960, Edgar Pisani, alors ministre de l’Agriculture, acte le démarrage de grands travaux d’aménagement pour mettre la plaine à l’abri de cette montée des eaux et ainsi, sécuriser la mise en production de ces parcelles. La dynamique s’accélère encore un peu avec le développement d’un puissant réseau d’irrigation. L’eau, en provenance de l’Authion et de ses canaux, permet d’irriguer les cultures lors de périodes climatiques plus sèches. L’irrigation ainsi maîtrisée contribue à homogénéiser la levée et la floraison, deux étapes importantes dans l’itinéraire cultural des semences en production. 
En parallèle, des instituts de recherche à l’image de l’Inrae s’implantent dans la région, jouant un rôle clé dans le développement des connaissances agronomiques autour de la sélection variétale. La vallée bénéficie également, depuis 2004, du dynamisme du pôle de compétitivité Végépolys qui regroupe entreprises, chercheurs et organismes de formation dans le domaine du végétal. Cette structure favorise ainsi les échanges et la collaboration entre les différents acteurs de la filière. De leur côté, dans leurs laboratoires, les semenciers innovent en faisant la part belle à des techniques de pointe. L’enjeu : mettre au point et développer de nouvelles variétés pour répondre aux attentes sociétales, environnementales et réglementaires, dans un contexte d’évolution des pratiques agricoles. 

8 000 ha et 200 agriculteurs multiplicateurs

Désormais, dans la vallée de l’Authion, près de 8 000 hectares sont, chaque année, dédiés à la production de semences dont 5 000 à 6 000 ha rien que pour le maïs. C’est dans les années 1950 que le maïs a fait son apparition dans ce territoire : sur une dizaine d’hectares de multiplication tout d’abord pour dépasser rapidement les 1000 ha dès les années 1970. Ce sont aujourd’hui plus de 80 espèces qui sont produites : des potagères (carotte, poireau, laitue, oignon, radis...), des fleurs, mais aussi des céréales et du chanvre. Des cultures implantées sous contrat par près de 200 agriculteurs multiplicateurs.

De nouveaux enjeux pour les années à venir

Comme toutes les régions de France, la vallée de l’Authion doit faire face à l’impact du changement climatique. Semae, l’interprofession des semences, a, début 2025, présenté des travaux d’anticipation à l'horizon de 2050. Ces derniers confirment l’augmentation des risques « eau » et « chaleur ». Concernant le maïs semence par exemple, l’étude pointe le fait que le Maine-et-Loire va passer d’un risque modéré à fort. La pluviométrie et l’accès à l’eau resteront le premier facteur de risque, mais c’est celui de la chaleur qui va connaître la plus forte progression. Plus que jamais, la gestion de la ressource hydrique va devenir cruciale pour préserver la qualité et la quantité des semences produites. Parmi les adaptations possibles : la création de variétés plus résilientes mais aussi plus résistantes à ces stress ; l’adaptation des pratiques culturales ou encore l’optimisation des systèmes d’irrigation. Face aux défis du changement climatique, de la biodiversité agricole et de la souveraineté alimentaire, la production de semences dans la vallée de l’Authion apparaît comme stratégique. Tous les acteurs de la filière l’ont bien compris et ont, déjà, actionné différents leviers pour relever les multiples challenges à venir. 

Anne Gilet

La vallée de l’Authion bénéficie de conditions pédoclimatiques très favorables pour la production de semences :     

  • Le lit de la rivière Authion, affluent de la Loire, a formé une plaine alluviale composée de sols limoneux profonds, homogènes, bien drainés et faciles à travailler. Ces terres, fertiles et riches en matière organique, permettent une bonne rétention de l’eau tout en assurant un drainage efficace : des qualités essentielles pour une production de semences de qualité.
  • La texture fine des limons facilite le travail du sol : un atout pour assurer une régularité des semis et faciliter le désherbage. 
  • Le climat océanique tempéré du département du Maine-et-Loire présente des atouts majeurs. Les hivers y sont doux, les étés modérément chauds et les gelées printanières ou automnales, rares. L’ensoleillement s’avère quant à lui suffisant pour assurer une bonne maturation des graines, tandis que les précipitations sont, en général, bien réparties sur l’année, sans excès. Cette régularité climatique permet ainsi de maîtriser au mieux les cycles de floraison et de montée à graines.
     
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