Un catalogue des espèces et variétés au service de la biodiversité et du consommateur

Pour éviter les mauvaises surprises...

Imaginez que vous achetiez un sachet de graines de salades et que, une fois semées, les plantes qui poussent soient rouges au lieu d'être vertes comme indiqué sur le sachet... ou bien parfois rouges, parfois vertes, et de plus parfois amères, parfois douces ! Quelles ne seraient pas votre surprise et votre déception ! Heureusement, la commercialisation des semences, que ce soit pour une utilisation professionnelle ou amateur, est encadrée par le catalogue des espèces et variétés. Seules les graines des variétés inscrites peuvent être vendues (sauf cas particuliers). Pourquoi cet outil a-t-il créé et comment fonctionne-t-il ?

Les tests DHS

Le catalogue encadre et sécurise la commercialisation des semences de grandes cultures et maraîchères. Aujourd'hui, il répertorie 4.500 variétés agricoles et 2.200 variétés potagères. Avant d'entrer au catalogue, une nouvelle variété doit passer des tests appelés « tests DHS » : trois lettres qui signifient Distinction, Homogénéité, Stabilité. Ils constituent une première étape indispensable pour qu'une variété nouvelle puisse entrer au catalogue. Ainsi, le consommateur est assuré, quand il achète des graines : > que la variété est bien distincte de celles déjà inscrites au catalogue, > que la variété est homogène, c'est-à-dire composée de plantes présentant toutes les mêmes caractères, > que la variété est stable, c'est-à-dire qu'elle reproduira dans le temps toujours les mêmes caractéristiques chaque fois que l'on utilisera ses semences. Ces trois tests sont réalisés par les experts du Geves (Groupe d'Etude et de Contrôle des Variétés et Semences). Pour les mener à bien, ils sèment les graines, cultivent la variété, et en examinent attentivement les plantes. Ils les comparent aux variétés dites « témoins » des collections de référence qui ne comptent pas moins de 24.000 variétés potagères, 30.400 variétés de grande culture et quelques 1.100 autres variétés, ornementales et aromatiques. Voilà de quoi se faire une idée précise de l’existence réelle d'une nouvelle variété par rapport à la diversité existante.

Le souci de l'environnement

La décision finale d'inscription d'une variété au catalogue est prise par le Ministère de l'agriculture. Pour cela, il s'appuie sur l'avis du CTPS (Comité Technique Permanent de la Sélection) et sur les résultats d'expérimentations du Geves. Les espèces de grande culture, elles, sont soumises à une autre série de tests : il s'agit de juger leur VAT, leur Valeur Agronomique et Technologique. Ici, sont évalués le rendement de la variété, ses caractéristiques alimentaires, de panification (pour le blé), la tolérance aux maladies... Ces tests doivent prouver que la variété est au moins au même niveau, ou à un niveau supérieur, par rapport aux variétés déjà existantes. Il s'agit ici de se positionner dans une optique de progrès, que ce soit en terme de rendement ou d’autres caractéristiques, pour des plantes qui servent de base à notre alimentation quotidienne. D'ici peu, la VAT devrait évoluer pour s'adapter aux demandes de notre temps. Ainsi, elle pourrait se transformer en VATE, pour Valeur Agronomique, Technologique et Environnementale. Le but, faire émerger les variétés les plus respectueuses de l'environnement. Il s'agirait par exemple d'évaluer la dépendance des variétés aux intrants – engrais azotés et produits phytosanitaires. Des évaluations ont déjà été menées dans ce sens, par exemple sur le blé à bas niveaux d'intrants.

Le catalogue s'enrichit

En 1997, la France crée la liste annexe des variétés anciennes pour jardiniers amateurs. Pour inscrire une variété sur cette liste, les coûts sont allégés et les critères DHS moins nombreux. Cette liste permet de répondre à des orientations nouvelles : la pratique du jardinage amateur se développe, la demande est forte d'avoir accès aux semences de variétés anciennes, rustiques, pour retrouver le goût des légumes d'autrefois. Aujourd'hui, 280 variétés sont inscrites sur cette liste qui, là aussi, encadre et sécurise ce marché. Ces variétés ne sont vendues et conditionnées qu'en petits paquets, afin, justement, de ne servir que le marché amateur. Enfin, une liste de variétés dites « de conservation » est en cours de mise en place. Elle sera destinée aux variétés menacées de disparition et d'érosion génétique, souvent liées et adaptées à un terroir particulier et produites en faible volume. (1) L'obligation d'inscription au catalogue concerne la plupart des espèces mais quelques-unes, mineures, n'ont pas de catalogue : il s'agit, en grande culture, du millet et du petit épeautre, en légumes, du panais, du pissenlit et du salsifis, et de la plupart des plantes aromatiques, médicinales, fleurs et plantes sauvages.
La tomate, Lycopersicon esculentum var cerasiforme, appartient à la famille des solanacées. Pour améliorer la tomate, les sélectionneurs font appel à la biodiversité : espèces sauvages apparentées ou variétés traditionnelles méditerranéennes. Le réseau de ressources génétiques géré par l'Inra contient plus de 1.000 variétés. En France, 315 variétés de tomates sont inscrites au catalogue des espèces et variétés potagères. Il y en a près de 2.500 au catalogue européen !
On estime le nombre de variétés de pommes de terre à plus de 3.500 dans le monde. 192 variétés de pommes de terre sont inscrites au catalogue officiel français, sésame à la commercialisation, et 1.294 le sont sur la version européenne, qui regroupe l'ensemble des catalogues nationaux de l'Union Européenne. Pour y accéder, les variétés doivent obéir à plusieurs critères qui garantissent leur identité et attestent qu’elles apportent un progrès par rapport aux meilleures variétés actuelles.
Le catalogue des espèces et variétés est créé en 1932 dans le but de commercialiser des semences saines, loyales et marchandes. Après la première guerre mondiale, l'agriculture se modernise, les rendements agricoles augmentent, les industries agro-alimentaires apparaissent. Dans l'optique de garantir des produits et une alimentation de qualité, le catalogue apparaît encore aujourd’hui comme un outil capable de sécuriser le marché des semences, et de renseigner agriculteurs, consommateurs et industriels sur les caractéristiques précises des variétés cultivées.
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