Nous travaillons sur la densité et la finesse du feuillage des gazons

Anne Viguié, Sélectionneur gazon au GIE REGA (Recherche Européenne sur les Gazons)

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier de sélectionneur ?

Anne Viguié, Sélectionneur gazon au GIE REGA (Recherche Européenne sur les Gazons)
Le défi de la création, la proximité de la nature, et la diversité du travail. Nous vivons au rythme de la nature car en gazon, le travail du sélectionneur est basé sur l'observation. Nous consacrons de 60 à 70 % de notre temps dehors. L’aspect esthétique général s'observe à travers la densité, la finesse du feuillage, la couleur des plantes. C'est un métier d'optimisme ! Nous essayons de rendre plus beau et plus vert l'environnement.

Comment répondez-vous aux attentes des utilisateurs ?

Les caractères ne s'améliorent qu'à petits pas de fourmi. Outre l'aspect esthétique, le gazon doit satisfaire à diverses exigences selon son utilisation. Pour les terrains de foot, il doit résister au piétinement l’hiver. Pour les jardins des particuliers et les jardins publics, il doit être adapté aux promeneurs l’été. Il lui faut résister aux maladies comme les rouilles qui non seulement jouent sur l'esthétique mais aussi sur la longévité du gazon. Suite à la neige de cet hiver, il est intéressant de noter la résistance au stress, l'apparition de maladies, la disparition de plantes ou leur affaiblissement… La nature fait valoir ses droits !

Comment faites-vous pour améliorer les plantes à gazon ?

Les graminées à gazon ont besoin du pollen les unes des autres pour être fécondées. Les plantes issues des graines sont toutes différentes et leur descendance aussi à cause des recombinaisons innombrables, elles contiennent donc des caractères qui apparaîtront au fil des cycles de sélection. Nous choisissons d'après nos observations des plantes élites dans la pépinière, environ 1%. Par exemple, nous extrayons 200 plantes sur 20 000 en ray-grass anglais. Puis nous réalisons des croisements de différentes plantes d'après les caractères qui nous paraissent intéressants. Il faut 12 ans de sélection puis 3 ans d'étude dans le réseau officiel d'inscription au catalogue des variétés, soit 15 ans avant de commencer à commercialiser.

Quelles sont vos sources pour votre sélection et participez-vous à la biodiversité ?

On peut faire des prospections dans la nature pour trouver des plantes sauvages et les adapter à la culture, ou utiliser des variétés existantes, des banques de gènes… mais notre principale ressource génétique c'est notre propre pépinière accumulée au fil des ans. Toutes nos variétés et semences sont conservées en chambre froide. Nous avons participé sous l’égide du Bureau de Ressources Génétiques à la régénération de variétés anciennes. Nous faisons également partie du réseau ACVF (Association des Créateurs de Variétés Fourragères) qui a réalisé un important travail de prospection en ray-grass anglais et en fétuque rouge. Tout est stocké et piloté par l'INRA.

Vous êtes une structure de recherche uniquement, comment êtes-vous financés ?

Nous sommes une petite équipe de 3 permanents. Nous vivons des licences sur les variétés que nous avons créées. Les trois sociétés partenaires ont financé notre structure pendant une quinzaine d'années avant que nous ne puissions en vivre !
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