Va-t-on pouvoir lutter contre les carences minérales grâce à la sélection ?

François-Xavier Oury - INRA Clermont-Ferrand, UMR Génétique, Diversité et Ecophysiologie des Céréales.

Sélectionne-t-on des variétés de blé enrichies en nutriments bons pour notre santé ?

François-Xavier Oury - INRA Clermont-Ferrand, UMR Génétique, Diversité et Ecophysiologie des Céréales.
Pas encore, mais nous avons démontré qu'il serait possible de sélectionner des variétés de blé tendre - qui sert à faire le pain – présentant des grains plus riches en magnésium et en zinc. Tous les caractères ne sont pas accessibles à la sélection et avant d'envisager un programme d'amélioration il faut répondre à 2 questions : - y a-t-il suffisamment de sources de variabilité pour ces caractères ? - si oui, cette variabilité est-elle plutôt d'origine génétique ou plutôt d'origine environnementale ? Nous nous sommes intéressés à trois minéraux : le magnésium, le zinc et le fer, importants pour notre santé, et pour lesquels une partie non négligeable des populations, aussi bien des pays industrialisés que des pays en développement, frôlent l'état de carence. Les céréales sont une bonne source d'apport car elles contiennent des quantités significatives de ces éléments. Pour le magnésium - et à un degré moindre le zinc - il y a un bon niveau de variabilité dans l'espèce blé tendre, et cette variabilité est essentiellement d'origine génétique. Pour le fer malheureusement sa concentration dépend davantage du milieu dans lequel croît la variété que de la génétique, rendant très difficile toute tentative d'amélioration variétale. Du point de vue de la santé humaine l'intérêt du blé réside aussi dans sa richesse en fibres, qui peuvent faire baisser les lipides dans le sang (cholestérol, triglycérides…). De fortes teneurs en fibres pourraient également être sélectionnées, après avoir regardé l'effet de ces fortes teneurs sur la panification.

Quelles difficultés le sélectionneur rencontre-t-il ?

Pour la plupart des constituants du grain, les fortes teneurs vont souvent à l'encontre du rendement de la culture. En effet les variétés à haut rendement produisent plus d'amidon, ce qui conduit à un effet de dilution du constituant dans le grain. Cependant, en travaillant simultanément les 2 caractères antagonistes, le sélectionneur arrivera patiemment à améliorer l'existant, comme il le fait depuis des décennies, sur des critères utiles pour le consommateur ou l'industriel.

Y a-t-il des obstacles au démarrage de programmes de sélection ?

Ces travaux ne serviront à rien si les bénéfices se perdent au cours de la transformation industrielle. Une bonne partie des vitamines, minéraux et fibres du grain sont localisés dans la ''couche à aleurone'' située juste sous l'enveloppe externe, et lors de la transformation en farine ils se retrouvent dans les sons, éliminés. C'est pourquoi les nutritionnistes de l'INRA plaident pour des farines moins blanches de type 80 que l'on obtient par des réglages de moulins permettant de récupérer dans la farine une proportion plus importante des parties périphériques du grain.
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