Un conservatoire pour plantes aromatiques et condimentaires

Bernard Pasquier - Directeur du CNPMAI

Quel est le rôle du conservatoire ?

Bernard Pasquier - Directeur du CNPMAI
Le but premier du conservatoire est de proposer aux agriculteurs de la filière des plantes médicinales et aromatiques du matériel végétal – semences et plants – qu'ils ne trouvent pas par ailleurs. Au départ, seuls les professionnels étaient visés mais notre public s'est vite élargi aux amateurs. La plupart des espèces que nous cultivons sont quasiment introuvables dans le commerce, bien que parfois très communes dans la nature ! Par ailleurs, cette activité de multiplication entraîne automatiquement l'activité de conservation des différentes variétés que nous cultivons.

Qu'appelle-t-on, concrètement, faire un travail de conservation de la semence ?

Conserver une semence signifie maintenir une variété bien identifiée, avec les caractères qui lui sont propres. Par exemple, la menthe poivrée était cultivée à Milly-la-forêt au début du XXème siècle. Il y a vingt ans, une grosse étude a été réalisée pour trier tous les clones qui existaient. Dernièrement, nous avons repris tout ce travail d'identification. Les plantes aromatiques et médicinales offrent une diversité tellement importante qu'il est indispensable de bien les identifier pour bien les conserver.

Effectivement, votre catalogue est très fourni. Combien d'espèces cultivez-vous ?

Le catalogue propose 900 espèces sous forme de plants et 700 espèces sous forme de graines. Tout est certifié agriculture biologique. Il compte davantage de plants parce que beaucoup d'espèces se multiplient de façon végétative : je pense par exemple aux menthes, aux camomilles qui sont stériles... Par contre, si nous commercialisons une très grande diversité de semences, ce n'est à chaque fois qu'en très petites quantités : de quelques grammes à quelques centaines de grammes par espèce seulement !

Quel est votre calendrier d'activités tout au long de l'année ?

Nous récoltons des graines de juin à novembre. Tout est manuel, car la diversité des inflorescences est telle qu'il ne pourrait y avoir un seul type de matériel de récolte et de tri ! Une fois ramassées, les plantes sont disposées sur des claies et on les laisse sécher dans un bâtiment aéré, pendant deux à trois semaines. Un pré-triage qui réduit le volume des pailles est ensuite effectué. Puis, à partir de la mi novembre, le tri final est réalisé, avec différents tamis. Parfois on souffle, tout simplement, sur les tamis, pour finir le tri ! On s'adapte à chaque lot. Et puis on met ces précieuses graines en chambre froide ou au congélateur. Certaines peuvent se garder plusieurs années.

Est-ce que les semences que vous commercialisez sont toujours de l'année ?

Pas forcément : contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce n'est pas forcément le lot de l'année qui germe le mieux. Par exemple, pour la mélisse, les lots de deux ans sont souvent de meilleure qualité que les lots de l'année. Encore une fois, il n'y a pas de règle, il faut s'adapter à chaque espèce. Il se peut aussi que l'année n'ait pas été bonne, pour des raisons climatiques : année trop chaude, trop sèche ou au contraire trop humide. La qualité des graines peut s'en ressentir.
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