Une herbe vraiment meilleure à côté ?

On observe parfois des vaches à genoux, la tête sous la clôture, cherchant à attraper quelques brins d'herbe de la parcelle voisine. Seraient-elles bercées par l'illusion bien commune d'une herbe toujours plus verte à côté ? Pas du tout. Les vaches ne sont pas bêtes, et si elles se tordent le cou, c'est pour déguster une herbe vraiment meilleure. Elles remarquent au premier coup d'oeil les plantes les plus appétissantes. Et si l'éleveur voisin a semé des variétés de qualité, elles cherchent tout naturellement à en profiter !

Zoom sur les prairies semées

Sur les 13 millions d'hectares de prairies en France, 3 millions sont des prairies qui ont été semées. Pour mettre en place ces prairies, on utilise des plantes dites fourragères. Il existe de nombreuses espèces de plantes fourragères, et pour chaque espèce un grand nombre de variétés, sélectionnées au fil du temps pour répondre au mieux aux besoins des éleveurs. Ces derniers disposent ainsi aujourd'hui de variétés plus productives que par le passé, et de prairies permettant de nourrir les animaux de façon régulière sur une longue période. Des caractéristiques très diverses sont prises en compte par les sélectionneurs, comme le montrent les exemples suivants.

Pouvoir pâturer plus tôt

Après 30 années de travaux de sélection, les nouvelles variétés de dactyle (une graminée fourragère) permettent aux animaux d'aller plus tôt en pâture : en moyenne le 20 mars au lieu du 6 avril. Des journées de printemps très appréciées par les vaches qui retrouvent une herbe fraîche.

Une pousse plus régulière

Avec les nouvelles variétés de ray-grass anglais, les vaches disposent entre le printemps et l'automne de 10% d'herbe en plus. En outre, les animaux préfèrent les nouvelles variétés qui sont plus résistantes aux maladies.

Des plantes plus digestibles

La fétuque élevée est une graminée fourragère qui a été l'objet des soins des sélectionneurs. Les nouvelles variétés de fétuque élevée ont des feuilles plus souples et plus digestibles. Les vaches les apprécient et offrent à l'éleveur 1,6 kg supplémentaire de lait par jour. Ces quelques exemples nous donnent une nouvelle image des animaux d'élevage, et en particulier des vaches : gourmandes, expertes en herbe et qui raffolent de plantes jeunes, à feuilles souples, fines, riches et digestes.
La digestibilité est le principal facteur influençant la valeur alimentaire d'une variété. Les sélectionneurs disposent d'infra-analyseurs, appareils permettant de tester rapidement cette caractéristique sur de nombreuses plantes. Ils mesurent également l'appétibilité du fourrage, c'est-à-dire l'aptitude d'un fourrage à susciter chez les animaux l'envie de le consommer. Elle est testée avec des ruminants (vaches laitières, taurillons ou moutons) soit en cafétéria d'auge où plusieurs variétés sont mises à la disposition des animaux en libre-service, soit en parcelles pour reproduire les conditions du pâturage.
Pour améliorer une espèce fourragère, les sélectionneurs doivent disposer d'un choix le plus large possible de plantes. Pour cela, ils organisent des prospections de plantes sauvages en France et dans de nombreuses régions du monde. Ces plantes sont introduites dans des pépinières à côté d'autres plantes en cours de sélection et de variétés témoins. Une pépinière compte entre 8.000 et 10.000 plantes selon les espèces. Les sélectionneurs retiennent dans la pépinière 5% à 10% des plantes. Ils les comparent aux variétés témoins pour la résistance aux maladies, la durée de pâturage, la durée de vie... Les plantes les plus intéressantes sont croisées entre elles pendant plusieurs années et sélectionnées régulièrement. Au total, lorsqu'un sélectionneur engage un programme de sélection sur une espèce, il lui faut entre 12 et 15 ans pour obtenir une variété intéressante.
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