« Villes et villages fleuris », un label qui se renouvelle

Qui n’a jamais remarqué sur les routes de France ces écriteaux arborant des fleurs rouges sur fond jaune ? Les pancartes des communes labellisées au titre des « Villes et villages fleuris » sont positionnées sous le panneau indiquant le nom de l’agglomération. Ce label a déjà 60 ans ! Mais il ne cesse de se réinventer, avec de nouveaux prix nationaux, plus en phase avec la société et, en 2019, l'adoption d'une nouvelle charte graphique. 

La nouvelle signalétique du CNVVF © CNVVF

Faire la part belle au végétal

Une ville fleurie ou un village fleuri, c'est une commune qui réserve une place prépondérante au végétal et au fleurissement, avec une gestion écologique des aménagements : espaces verts aux compositions florales généreuses et harmonieuses, ronds-points aménagés pour accueillir de la biodiversité végétale et animale, trottoirs boisées et bas-côtés de routes semés de plantes de couverture de sol. Au fil des décennies, plus de 4 000 communes de toutes dimensions ont rejoint le mouvement… Les communes rivalisent d’inventivité pour offrir aux citoyens et aux touristes un cadre de vie plus vert et plus attractif.

Mais comment fonctionne ce label ? Chaque échelon administratif est impliqué… Les municipalités intéressées s’inscrivent auprès du conseil départemental de leur département. Les départements sélectionnent et accompagnent dans leur démarche celles d’entre elles qui sont susceptibles d’être labellisées. Les régions, quant à elles, vont ensuite attribuer les trois premiers niveaux du label : 1, 2 ou 3 fleurs. Le dernier niveau du label, la 4e fleur, ne peut être attribué que sur décision du coordinateur du label : le CNVVF (Conseil national des villes et villages fleuris). Son conseil d’administration est composé de représentants du secteur public (ministères, collectivités locales, organismes publics) et de représentants des secteurs professionnels du tourisme, de l'horticulture et du paysage. Toutes les communes ont donc leur chance d’être distinguées !

Coup de projecteur sur les jardins familiaux

Chaque année, le CNVVF récompense des communes se distinguant au plan national par la qualité de leurs réalisations, à travers un ensemble de prix spéciaux. Parmi ceux-ci, le « prix des jardins familiaux collectifs ». Les jardins familiaux et les jardins partagés connaissent à l’heure actuelle un nouvel engouement, face au désir des citadins de renouer avec le végétal, la possibilité qu’ils offrent de créer du lien social et les économies permises par la culture du potager.

La pédagogie également mise à l’honneur

Depuis trois années, un nouveau prix récompense au niveau national des communes ayant mis en place des actions éducatives et pédagogiques remarquables auprès des jeunes, le « prix de l’action éducative et pédagogique ». Son objectif est d'initier ces publics au jardinage et de les sensibiliser aux pratiques respectueuses de l’environnement. Il est à noter que, pour remporter ce prix, les actions retenues doivent être particulièrement exceptionnelles, innovantes ou originales.

Pour l'édition 2018, ce prix  est décerné à la ville de Quimper pour la mise en place d'un jardin pédagogique itinérant. Ce dernier, support à de multiples animations, est un outil éducatif autour des thématiques du vivant et de la découverte des plantes et de la nature. Il s’adresse à un très large public : élèves de la maternelle au collège, IME, périscolaires, personnes âgées dépendantes, personnes en insertion, primo arrivants, partenaires sociaux et culturels. « Je me suis dit que cette ville médiévale ne pouvait pas être ordinaire et que j’allais créer des voyages immobiles grâce à des jardins exotiques, méditerranéens et médiévaux » explique Jean-Hubert Gilson, directeur de projets techniques au sein du service des espaces verts de la ville. 

Ce prix récompense également la formidable mobilisation citoyenne à Saint-Méloir-des-Bois, où 10% des habitants font partie de « La brigade verte ». L’implication de la brigade verte dans le fleurissement est impressionnante : d’avril à septembre, des bénévoles toutes générations confondues viennent épauler l’unique agent communal en charge des espaces verts. Cette brigade joue également un rôle essentiel d’échange et de partage, où les plus anciens forment les plus jeunes permettant ainsi la transmission de valeurs pour préserver la nature et favoriser la biodiversité. Les habitants ont compris que la valorisation de leur territoire était l’atout majeur pour améliorer leur cadre de vie et le rendre attractif.

En 2018, ce sont les communes de Belfort et de Soisy-sous-Montmorency qui ont été récompensées par le prix du "Fleurissement des jardins familiaux collectifs". C'est le travail de mise en place d'espaces de convivialité, d'échange et de lien social qui a été particulièrement salué par le jury. La ville de Belfort a créé de nouveaux jardins collectifs au cœur des quartiers et développé un partenariat avec l’Association des jardins Ouvriers de Belfort qui anime et gère plus de 770 parcelles. Le jardin collectif d’inspiration « Art nouveau » a été créé en 2014, en partenariat avec la Maison de Quartier des Forges. A partir de 2016, des jardins partagés ont également fleuri dans les quartiers des Glacis et de la rue Einstein. « Le jardin Art nouveau se trouve sur un cheminement de 3 à 4 kilomètres qui longe l’étang des Forges et qui permet à tous publics, enfants, jeunes, adultes, retraités de se retrouver et de recréer du lien social dont nous manquons terriblement. Des land art sont créés toute l’année s’adaptant au fil des saisons », se plait à souligner Yves Vola, adjoint au Maire de la Ville de Belfort, chargé du développement durable et du cadre de vie.

Le prix spécial du « Fleurissement des jardins familiaux collectifs » est également décerné à la ville de Soisy-sous-Montmorency pour la réalisation des Jardins familiaux du Trou du Loup et de la résidence de personnes âgées « Le Boisquillon », gérés par l’association « Les jardiniers de Soisy ». Ces jardins, bien aménagés, permettent à des Soiséens de cultiver des fleurs et des légumes avec le conseil des jardiniers en place et le centre d’action social a créé avec les enfants des nichoirs à oiseaux. En 2017, de nouveaux jardins familiaux ont été créés sur la réserve foncière du futur boulevard du Parisis d’une superficie de 4500 m² comprenant 16 emplacements avec cabanes et réserves d’eau. Véritables lieux de vie, ils favorisent les échanges et les liens intergénérationnels. Quelques parcelles sont accessibles à des personnes à mobilité réduite.

Le label des Villes et Villages Fleuris en vidéo


Toute collectivité qui remplit les critères de fleurissement du Label national des villes et villages fleuris se voit primée. Il n’y a pas de quota ! Et le nombre de villes primées évolue positivement, avec au moins une centaine de communes labellisées en plus chaque année. Désormais, l’attribution du label est réévaluée tous les trois ans, à tous les niveaux. « On préfère passer plus de temps sur le terrain pour bien juger. S’y rendre tous les ans ne permettait pas forcément de faire les choses bien », explique Mathieu Battais. Ce label peut donc être retiré… Et cela arrive de plus en plus souvent ! « Nous sommes de plus en plus rigoureux sur la 4e Fleur et nous en retirons entre 2 et 5 chaque année ».

A l’occasion des cinquante ans d'existence du label des « Villes et Villages Fleuris », le Conseil national des villes et villages fleuris a publié un ouvrage sur son histoire : 50 ans des villes et villages fleuris, aux Editions Le Lou du Lac. Et pour accompagner les élus et les responsables des services espaces verts ou de l’urbanisme dans leur volonté d’aménager avec le végétal, l’ouvrage « Aménager avec le végétal pour des espaces verts durables », aux Editions du Certu, explique le sens de la démarche et les évolutions actuelles du label.

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