Bandes en herbe
une protection au long cours... pour les cours d'eau

Avez-vous déjà pris le temps de bien observer les bordures de champs près des cours d'eau ? Il n'y a pas si longtemps, il n'était pas rare de voir des champs s'étendre jusqu'aux berges. Aujourd'hui, on y trouve des bandes semées en herbe et régulièrement entretenues. Et si l'on est un tantinet botaniste, on remarquera qu'elles sont composées de diverses espèces bien particulières.

Vous avez dit 3% ?

Pour avoir droit aux aides dans le cadre de la politique agricole commune, chaque agriculteur doit désormais consacrer 3% de sa surface cultivée à des couverts environnementaux, en particulier le long des cours d'eau. Les couverts environnementaux sont des zones de culture de plantes destinées à protéger l'environnement. Chaque zone doit mesurer au minimum 5 mètres de large. L’utilisation des pesticides, herbicides et fertilisants y est strictement interdite.

Et en cas de fortes pluies ?

Véritables zones tampons, ces bandes enherbées permettent de limiter ruissellement et érosion des sols. Lors d'épisodes pluvieux intenses, l’eau s’écoule rapidement jusqu’aux cours d’eau, entraînant tous les éléments fins et fertiles de la terre. Les bandes enherbées captent de 62% à 88% de ces eaux de ruissellement et évitent l'appauvrissement de la terre. Elles retiennent également des particules organiques et minérales, résidus de fumier, de lisier, d’engrais et de produits phytosanitaires et les biodégradent. Enfin, elles filtrent ce mélange terre-eau en retenant plus de 80% des matières en suspension dans l'eau. Ce rôle de filtre naturel est essentiel pour la préservation de la vie aquatique, particulièrement sensible aux eaux boueuses.

Des couloirs écologiques

Avec les bandes enherbées, les agriculteurs créent de véritables petites réserves indispensables à la biodiversité, au gibier, aux abeilles et à l’ensemble des insectes pollinisateurs.

Pour semer sans se planter

Bien entendu, pour atteindre ce résultat, encore faut-il disposer d'un couvert végétal adapté. Au fil des ans, différents mélanges de graines ont été spécifiquement élaborés par les sociétés semencières. On parle alors de semences. En combinant les avantages de plusieurs espèces, on arrive ainsi à protéger efficacement les cours d'eau.
La moutarde blanche est une plante cousine du chou. Au cours des dernières années, son utilisation pour la couverture des sols s'est beaucoup développée. Très utilisée dans la moitié nord du pays, elle est cultivée dans les parcelles, en hiver, par exemple entre une culture de céréales et une culture implantée au printemps suivant. Comme toutes les cultures intermédiaires, elle a des effets très positifs sur l'environnement et la qualité des sols. Elle pousse très vite, et empêche le développement de toutes les mauvaises herbes. De plus, les recherches menées par les semenciers ont permis de sélectionner des variétés capables d'empêcher naturellement le développement de vers microscopiques, les nématodes, parasites de plantes comme la betterave.
Pour pouvoir améliorer l'environnement dans son travail quotidien, l'agriculteur doit choisir les bonnes plantes en fonction de ses objectifs. Ainsi, pour piéger les nitrates et les empêcher de fuir vers les cours d'eau et de descendre vers les nappes phréatiques, l'agriculteur doit semer des espèces qui poussent rapidement afin d'absorber le maximum de nitrates le plus vite possible. Pour lutter contre l'érosion des sols par la pluie, le ruissellement et le vent, de nombreuses plantes peuvent apporter une protection par leur végétation et leur système racinaire. Elles doivent avoir une bonne résistance aux maladies et se développer sans apports d'azote. Pour la protection du gibier, les agriculteurs utilisent des plantes assez hautes pour que les animaux se cachent et se nichent. Il faudra choisir également des plantes adaptées à leurs besoins alimentaires. Enfin, ces espèces végétales doivent permettre d'éviter un entretien de ces zones par broyage des végétaux lors des périodes de reproduction des animaux.
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