Culture de plants : raisonner pour durer...

Laurent Lecomte - Directeur d'Horti Sologne

Laurent Lecomte, quelles sortes de plants produisez-vous ?

Laurent Lecomte - Directeur d'Horti Sologne
Horti Sologne s'adresse au marché amateur. Nous produisons des plants de légumes, de fleurs, de plantes aromatiques ou encore d'arbustes à petits fruits et de fraisiers pour les amoureux du jardin. L'essentiel de notre production est distribué via un réseau de jardineries, mais nous disposons aussi d'un point de vente, ce qui nous permet d'être en prise directe avec les attentes des consommateurs. Anciennes variétés pour les uns, variétés modernes pour les autres, avec ou sans certification agriculture biologique... il en faut pour tous les goûts !

Concrètement, produire des plants cela veut dire semer des graines ?

En ce qui nous concerne oui. Nous avons la chance de disposer des surfaces nécessaires et du volume de commande suffisant pour réaliser la totalité de nos semis, en dehors du cas très particulier des plants greffés. La première étape consiste à réaliser les semis sous serres. Après la germination, les petits plants sont assez vite transférés sous des abris peu ou pas chauffés, pour continuer leur croissance à la dure et acquérir ainsi une bonne résistance. Au final, nous vendons essentiellement des plants en mottes pressées, c'est-à-dire sans godet, le plant et la motte étant indissociables grâce à la compaction.

Vous pratiquez une culture raisonnée, c'est-à-dire ?

En matière de protection des plantes, l'idée est de réduire le plus possible le nombre de traitements ainsi que les doses appliquées. Nous utilisons des techniques de piégage des insectes nuisibles. Pour cela, nous installons de petits panneaux de couleur enduits de glu qui les attirent. On compte régulièrement le nombre d'insectes capturés, et l'on ne traite que lorsque le seuil de déclenchement est atteint. Nous utilisons aussi la lutte intégrée, qui fait appel à des insectes auxiliaires prédateurs de ceux dont on cherche à se débarrasser. Cette technique est particulièrement utile pour les plants que nous produisons sous certification AB (agriculture biologique). Mais le respect de l'environnement est une préoccupation constante pour nous, bien au-delà de la protection des plantes.

Vous vous inscrivez dans une démarche de production durable en fait ?

Pour l'instant, il n'y a pas encore de label national horticulture durable (un travail de la profession est en cours à ce sujet). Mais nous travaillons tout à fait dans cet esprit, et c'est d'ailleurs ce qui rend notre métier si intéressant. Prenons la gestion de l'eau... Nous apportons des doses d'irrigation calculées pour satisfaire les besoins des plantes au plus juste. De plus, nous équipons progressivement nos serres de sols en béton ou en enrobé de façon à canaliser l'eau d'arrosage et à la réutiliser. Un système de filtration et de désinfection par ultra-violets permet d'éviter les contaminations, notamment bactériennes. Nous disposons par ailleurs de récupérateurs d'eau de pluie. Nous portons aussi depuis longtemps une grande attention au tri et à l'élimination des déchets. En 1997, nous avons installé plusieurs grandes bennes de façon à séparer les plastiques, des pots ou encore des terreaux. Aujourd'hui de toutes manières, la réglementation est beaucoup plus stricte pour tout ce qui touche aux matériaux. Tout ce que nous utilisons comme pots, barquettes, cartons etc. doit être recyclable. Nous disposons d'ailleurs d'une certification MPS, un référentiel environnemental Hollandais qui fait autorité aujourd'hui dans le milieu de l'horticulture, et qui porte sur de nombreux points : fertilisation, utilisation des ressources en eau et en énergie, gestion des déchets...

Le métier de producteur de plants comporte donc de multiples facettes ?

Oui, d'autant que l'innovation concerne encore d'autres aspects comme le packaging. Nous avons mis en production par exemple des pots ronds carrés ! En fait, ils sont ronds à la base, et carrés en haut, ce qui permet notamment de mieux présenter le produit et de fixer facilement les étiquettes. Nous avons également bien travaillé sur l'emballage et la vente unitaire de nos plants pour les petits potagers. Bien entendu, toutes ces évolutions supposent des investissements que nous ne pouvons pas répercuter entièrement sur le prix de nos produits, les marges ont donc tendance à se réduire... Mais l'enthousiasme non !
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