Comment éviter que les plantes ne tombent malades ?

Avez-vous déjà trouvé des taches brunes cachées à l’intérieur d’un poireau ? Des taches noires dans une pomme de terre ? Il s’agit de maladies dues à des champignons ou des virus : comme tout être vivant, les plantes tombent malades. Leurs maladies affectent la qualité des produits récoltés et le rendement. Pour les agriculteurs, les maraîchers ou les jardiniers, l’une des solutions pour prévenir ces maladies est de choisir des variétés naturellement résistantes.

Récolte de pommes de terre au potager © Gnis-Yves Lanceau

Un moyen efficace : les variétés résistantes

Rendre les variétés résistantes aux maladies, les sélectionneurs privés comme la recherche publique s’y emploient depuis toujours. Ainsi, « en pomme de terre, nous avons des collections importantes de plantes avec plus de 30 espèces apparentées que nous testons pour détecter des sources de résistances génétiques aux maladies. » explique Jean-Eric Chauvin, ingénieur de recherches* à l’INRA. Ce patient travail est couronné de succès : 729 plantes-sources résistantes aux principaux agents des maladies de la pomme de terre - mildiou, nématodes, virus,… - ont été mises à disposition des sélectionneurs par l’INRA depuis 1995 ! Elles sont largement utilisées pour créer des variétés améliorées répondant aux besoins des consommateurs. Ainsi la résistance génétique au mildiou, champignon capable d’anéantir une culture en une dizaine de jours, permet aujourd’hui de réduire de plus de la moitié la quantité de fongicides employés.

*Directeur de l’Unité Expérimentale « Ressources Génétiques Végétales en Conditions Océaniques »  - INRA : Institut National de la Recherche Agronomique

  • Ci-dessous, une photo d'évaluation de la résistance au mildiou des pommes de terre au champ (en absence de tout traitement chimique) : les  feuillages marron correspondent aux plantes sensibles malades, alors que les feuillages verts correspondent aux  plantes résistantes qui restent saines.

La sécurité des productions

Chez les plantes potagères, d’énormes progrès ont été réalisés de ce point de vue, tels les résistances à la fusariose du melon, très nuisible en conditions humides, ou le mildiou de la tomate destinée à la conserverie. Souvent les variétés cumulent des résistances à plusieurs agresseurs. L’emploi de variétés résistantes permet non seulement de réduire les traitements phytosanitaires, mais aussi de sécuriser l’approvisionnement. « Nos clients maraîchers et la grande distribution attendent une stabilité de la qualité des légumes, et elle s’obtient essentiellement par la résistance aux maladies » commente Frédéric Cunot, Directeur France de Bayer vegetable seeds.  
Dans un grand nombre d’espèces agricoles aussi, le critère de la résistance aux maladies est aussi déterminant. Dans les années 2000, les sélectionneurs ont ainsi trouvé parmi des betteraves sauvages une résistance génétique à la rhizomanie, maladie qui anéantissait les cultures de betterave à sucre. Ce gène a été introduit par croisements dans les variétés, sauvant ainsi la production, les usines et plusieurs milliers d’emplois.  

Eviter le développement des maladies

L’intérêt pour la résistance des plantes a pris une importance prédominante depuis une dizaine d’années avec les plans nationaux de diminution des produits phytosanitaires. La résistance naturelle est l’un des moyens les plus simples et économiques pour diminuer l’emploi de ces produits. A tel point que les moyens publics utilisés pour la création de nouvelles variétés de pomme de terre ne sont plus consacrés qu’à cet aspect, et qu’en potagères ce soit devenu le premier critère de sélection, avant le rendement. 
Mais attention : « Il ne serait pas raisonnable de penser que la résistance génétique permettra de se passer complètement des produits phytosanitaires » tempère Frédéric Cunot. C’est pourquoi il est indispensable de combiner tous les moyens de lutte existants, comme enfaisant tourner différentes cultures année après année sur une même parcelle. 

Demain se prépare

Les sélectionneurs cherchent à combiner les sources naturelles de résistance génétiques pour qu’elles soient les plus durables possibles. Les avancées dans ce domaine le permettent. « Aujourd’hui nous disposons ainsi de suffisamment de sources de résistance génétique au mildiou de la pomme de terre pour envisager de remplacer progressivement toutes les vielles variétés sensibles » conclut Jean-Eric Chauvin.

Isabelle Ferrière

L’INRA participe à un programme de création de variétés en blé tendre, où les blés sont cultivés avec peu d'engrais et sans protection phytosanitaire contre les maladies. Il en résulte des blés "rustiques"  sélectionnés pour leur résistance aux maladies et aux parasites auxquels ils sont soumis – une bonne dizaine – tout en produisant suffisamment quand même. « La résistance est un critère déterminant », déclare Bernard Rolland, animateur de ce programme. Ces blés sélectionnés sont testés dans un réseau national d’essais, dans différentes régions, climats, et expositions aux maladies. Au final, ceci permet de sélectionner des variétés adaptées à l’agriculture biologique. 

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